mardi 29 septembre 2009

Propre à moi














Au banquet de la folie
Faire Usage de l'usure
Dans cette ruine même
se débusquer
vivant



Peinture : L'aveuglement de Samson, Rembrandt, 1636

lundi 28 septembre 2009

Sans repos

















Un sang dissocié en ombres courbes
Des étoiles mensongères sur une nuit métallique

Perdant de nouveau le graal de l'unité
comme un cerveau en pendaison

Je chiffrais encore quelque chose comme zéro
juste au-dessus d'un saut
dans le vide



Dessin : anonyme, Saint Jérôme et l'ange, 1680

dimanche 27 septembre 2009

Dimanche salé


Je m'étais baigné dans une eau nauséabonde, odeur poisson-mer et le soleil était aussi automnale que doucement violent. Nous avions fait une centaine de kilomètres pour se retrouver au milieu de nul part entre une plaque en béton et des maisons fermées.
Un chien magnifiquement noir s'était ébroué doucement en dégageant une odeur de merde.
Juste avant, me revenait en mémoire ces heures de fin de dimanche où la dépression se pointait aux détours d'une image ou d'une forme et j'en avais la nausée.
Des enfants pêchaient je ne sais quoi avec une patience atroce. Une fille svelte au visage très laid feuilletait un magazine féminin. Un gamin obèse dégustait une plaque de chocolat avec une régularité dégueulante.
J'évacuais avec urgence, dans le désordre et les yeux fermés, l'idée de mort, l'odeur de l'écoulement du temps, les fluides corporels et les mentales dissolutions.

samedi 26 septembre 2009

Lignage de la fin

















C'est d'un croisement cérébral
que la nuit imagine
ma corde.




Sculpture : Auguste Rodin, La main de dieu (la création) 1902

mercredi 23 septembre 2009

Failles











C'était cette nuit là où se débusquait la célébration mémorielle d'instants passés où dans la plus complète auto-contamination je réactivais cette belle soirée avec Pascal à Avignon sans doute en 1987-1988, nos déambulations au pied du palais, notre dîner au restaurant-bougies, notre après midi sur la péniche chez cet artiste, nos échanges sur Mallebranche, sur Dieu, sur les motos...et puis cette mer longée depuis Marseille jusqu'à Nice...Ce film "Le grand Bleu" que nous avions fait germer en nous comme une métaphore d'une libération à venir, le marché de Vintimille, le sentier de Nietzsche, les machines à sous de Monaco, un oncle écoutant du Wagner dans une Fiat Uno bordeaux...nos cheveux rasés, son sac Speedo, ma montre Notre Temps...et partout notre inadéquation au réel.
Désormais dans l'ombre du passé, j'éclairais de somptueuses chandelles au ventre même d'une captivité passéiste, le cerveau crevé, le regards vaincu.



Dessin : Eugène Delacroix ; (inspiré par) Lucas Cranach, 1840

mardi 22 septembre 2009

Rompre l'été














Le soleil dans ma circonférence et l'âme en préface
Je regardais la solitude au nord
comme autant d'espaces clos,

J'allais et venais aux brises de marées inconnues
en alternant gorgée de poussière et pensée dévorée

Je descendais au ciel
agité et défait
les yeux impeccables
et le regard ferme.



Oeuvre : Pablo Picasso , Composition au papillon, 1932

lundi 21 septembre 2009

Midi en mots
















Entre vie et réserve
Chercher le mot qui soigne

j'amende ici le bénin, là l'assoupissement

J'entend à voix basse
Les échos de mes propres absences

Toutes ces heures lentes
qui n'auront servi qu'à faire naître
en moi un soleil fatigué



Gravure : Daniel Lindmayer (le Jeune), Apologue du roi Stygias mourant,(détail), 1578

dimanche 20 septembre 2009

Vert espace















Misérable homme-hormonal, ma chimie dans mon désir, je m'enfonçerais bien dans tes humides béances, la tête vide et le pieu bandé
Tout me semble comme des genèses d'effacements d'une mémoire déja ailleurs, l'odeur de ton con comme une Proustienne dérive.


Peinture : Denis Brownell Murphy ; Charles Muss, Vénus endormie, 1820

vendredi 18 septembre 2009

Ce qui n'est pas


C'était le jour où j'avais repoussé une nouvelle fois un séjour en psychiatrie et j'avais donc écouté (en fait assez impuissant à moi même), ce que Dr Roland m'avait dit à propos de la possibilité de surseoir cette entrée. J'avais d'emblée aimé ce terme qui ne revêtait pas à mes yeux le même caractère définitif qu'une annulation aurait pu avoir et il me semble qu'il l'avait choisi dans cette optique là. La porte sécurisante du soin psy. demeurait ouverte et l'idée même de la possibilité m'empêchait pour le moment d'y succomber.
L'oscillation quasi permanente entre états négatifs et ceux plus rare d'une pacification avec moi même avaient laissés la place à une alchimique attitude de quasi-détachement à ma sombre mélancolie. J'inversais les éclipses de mes ténèbres en tentant d'identifier rapidement toute forme de rampement vers le vide qui ne manquait pas de surgir aux détours de je ne sais quelle difformité psychique que mon esprit engendrait avec une régularité chagrine.
C'était l'époque aussi où je fumais beaucoup et où j'avais l'étrange sentiment de n'exister que dans les volutes de mes Lucky Strike Rouge. Cette marque ce cigarettes était sans doute associé à feu Pascal un jour où au fond de notre mémoire nous avions bu un thé-clope dominical au supermarché local après avoir longuement disserté sur à la fois les femmes et de la pertinence des prophéties de Daniel.
Il pleuvait depuis près de 24 heures maintenant et j'avais vainement tenté de prendre en photo de beaux éclairs blancs dont l'énergie me fascinait comme autant de symboles vitalistes.
J'avais les poumons vraiment douloureux et j'évacuais des cris entendus dans la nuit qui sans doute n'avaient jamais existé que dans mon esprit.
J'allais prendre le virage de la consolation en m'éprouvant à vivre et ça c'était, en finalité, une bien imprévue fortune.


Photo : la lune, Plan de la Tour, Septembre 2009

jeudi 17 septembre 2009

état dieux


















Avec une eau mercurielle et un feu sulfurique
Comme en partance vers une harmonie aux innombrables nuances d'une rosée.
De celles qui, dans une muette prière, dessineront mes étranges extractions

Les grondements d'un lointain comme une vibration
Les plus grands voyages seront d'internes légions.



Oeuvre : Denys Molinier, l'Alchimie de Flamel, 1740

mercredi 16 septembre 2009


















Une feuille
sèche dans sa beauté,
me regarde

Affinement des éclairs
Puissance d'encre sous ma peau
Et si la pluie tombait dans l'avenir ?



.

lundi 14 septembre 2009

Chaleur close


Nerf épais de ciels
devant moi
comme des bras
les arbres s'étendent

A chaque image
rouge éclair d'orage
J'irais bien dévisser



Toile : Frédéric Wioland, Eclair et d'obscur, 2008

samedi 12 septembre 2009
















J'avais appris dans les méandres des entresols,

Plus encore
que la douceur des fontaines
Plus encore
que la lourdeur des épées
Plus inaperçu que le néant et le vide ensemble


Sans savoir
Sans me rassembler
Jusqu'à l'ivresse matamore
J'avais bu le vin stérile de la mélancolie

La survivance avait finalement eut raison de moi
et n'avais jamais vraiment connu les nez rouge de la vie

Perdu quelque part entre un beau village de pierre et l'enfer béant
je croisais les mains vides d'un désert étrangement irrigué
et me prenais à imaginer au dessus de mon épaule
les rires d'une petite fille
dont je reconnaîtrais le regard.


Toile : William Turner, The Morning after the Deluge, 1843

vendredi 11 septembre 2009

Harmonie femelle




L'enracinement peut être, assèche la mélancolie

Jours sans épines
d'une goutte d'eau-horizon
je faisais ma couche
pour une heure, un jour ou d'avantage.






Peinture : Arcimboldo, Vertumme, 1590

mercredi 9 septembre 2009

Avant, juste.


















Nous traînions,
de courbes lisses en temps couleuvre
sans inspecter les inutiles alignements

Non loin d'une suie céleste
nos sangs s'allégeaient aux confins de moments sans paroles
c'était peut être notre éphémère vrai
notre blanc
notre vide

Momentanément inconscient,
je déviais la douleur d'un été finissant
dans les crêtes d'une mer d'oublis

Transformant d'une taupe charbon
un volcanique volcan
j'appréciais les rires du désert
en effaçant l'odeur maussade
d'un écho nuageux.


Photo : Elisa Sighicelli, Montagnes triangulaires, 2002













Ce silence. Cet autre

Sur mes lèvres
parmi la paille des derniers jours

aux moissons des choses
les traverses d'un déchirement d'air

Mortier d'une voix en ombre
Des promesses noyées s'ignorent

Tout contre le froid qui s'accumule
Je ne sais plus ce qui me rappelle la vie



Photo : Dan Hays, Colorado Impression, 2007

mardi 8 septembre 2009

Aucun fruit












Septembre géant au dessous de plumes lunaires
Entendre décliner des douleurs ombrageuses en crayons de silences
Distances abyssales de dernières voix
Crier à ce murmure silencieux


Et l'aube qui se déplie sur de vieux oliviers
De noires tulipes s'ouvrent dans les fonds
Je m'émerveille aux plantes du déclin
là où la pureté est cris

Des linges blancs étendus au claire du vent
je jetterais de pâles fumées
juste en dessous du monde
dans cet asile obscur et mordant


Dans ce grand feux là, où
enfin perdu dans mes heurts
J'imposerais à mes souvenirs
les bribes d'une dédicace invisible.



Peinture : Claude Monet, "Nymphéas", 1906