vendredi 27 novembre 2009

Michelle comme Mie
















Peinture : Lucien Lévy-Dhurmer, Eve, 1896




Ce jour là, j'avais erré du coté de la Gaillarde, des souvenirs d'été, plein la tête.
Je revoyais au détour des rochers, sa silhouette aimante et cette image me faisait mal encore tellement. Condamné que j'étais à une nouvelle et dense solitude je noyais le tout dans un sommeil oublieux en écoutant un vieux Kate Bush en cassette.
Fallait que j'oublie en plus de son immense gentillesse, sa peau, ses reins, son cul et ses hanches offertes, je le savais, ça allait mettre du temps bien d'avantage que d'oublier nos échanges.

jeudi 26 novembre 2009

Déchirement
















Toile : Gérard Garouste, Le Masque, 1998




J'élevais les passages par des plaintes intérieures
dans les nuits égales, je rompais mon coeur dans un coffret ancien
J'oubliais doucement, les yeux en pleurs,
l'idée même d'un amour s'éloignant.
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mercredi 25 novembre 2009

Horrible vide













Installation : Joseph Kosuth, 2003




Dans ce monde encombré, je voyais un vide réel et massif que j'associais à une solitude auto-agressive. L'indifférence partout, toujours, comme le symptôme de la mort de l'esprit, j'habitais des espaces inertes et desséchés. J'avais parfois la sensation physique que les murs se resserraient sur le vide et j'évitais tant bien que mal la totale asphyxie. Mon intelligence instrumentale livrée à elle même détruisait l'élan vital d'un corps qui me devenait de plus en plus étranger. J'habitais un univers vide et silencieux et je vouais au suicide une réelle espérance pour peut être déserter mon écrasante vacuité. Le monde redevenait froid et mes derniers brasiers dans ma nuit s'éteignaient un à un.
A ce profond et intense désarroi, j'opposais malgré moi, une animalité qui semblait dompter pour l'instant mes instincts rageusement morbides. J'étais seul et il n'y avait plus rien, je tournais dangeureusement le dos à la vie, j'en étais profondément malade.

mardi 24 novembre 2009

Tout devient faux













Sculpture : Robert Morris, Vetti III, 1983




Pierre et fausses terres
je paumais ma laisse
dans des flaques désertées.
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lundi 23 novembre 2009

Noir retour
















Peinture : Marc Chagall, L'homme aux sept doigts, 1922





De nouveau les collines arrêtaient le soleil
et cruellement,
je retrouvais les cryptes
en dessous.
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dimanche 22 novembre 2009

Mie, clap de fin













Photo : Porte Aix en Provence




Dimanche gris à errer dans le marché de noël d'Aix en Provence, j'ai encore parfois sa main dans la mienne comme si tout allait bien. En moi, la grande mélancolie d'une vie ratée que je calmais à coup de Témesta. Notre relation évoluait dans une terrible et douce affection, les sentiments s'envolaient comme autant de feuilles, une à une puis parfois une grappe entière se détachait.
Quelques semaines plus tôt, à la clinique j'avais écrit un texte pour Mie encore espérant :

Nous serons heureux Mie
et il y aura toujours de beaux papillons
sur l'arbre du ciel

Nous serons heureux Mie
puisque ton regard est dans le mien

Nous serons heureux Mie
car toujours nos mains jointes prieront pour nous

Nous serons heureux Mie
parce que la douloureuse mélancolie
devra se battre contre nous deux

Nous serons heureux Mie
le soleil est le témoin de nos lumières enlacées.
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samedi 21 novembre 2009

Passage
















Installation : Joseph Beuys, The Pack 1969





Dénude la répétition
acclimate le passage
méprise le froid
ouvre tes sources
observe le réel.
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vendredi 20 novembre 2009

Sieste saisissante












Photo : Kim Hosey, 2002




A l'encre orangé d'un soleil aveuglé
j'entendais dans nos draps,
nos respirations closes

Moi, debout comme autrefois
j'achetais, les yeux grands ouverts,
un Moi
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jeudi 19 novembre 2009

D'autres fois












Photo : Piotr Vaclev, 2005




Pure mécanique
de gouttes de lumières
j'ai la langue qui saigne

Ruelles en coin et vents qui sèchent
j'espacerais de l'espace
l'argile de la création.
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mercredi 18 novembre 2009

Des cieux












Photo : Dmitry Zotov, 2009





Au delà du brouillard,
dire non à l'effondrement
et aux tourbes des marais
Observer, alors, paisible
un bleu tendu vers son ciel.
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mardi 17 novembre 2009

Prière future
















Peinture : Johannes Vermeer, l'astronome, 1668





Nous n'exorciserons aucune lumière, aucune folie
nous ne maintiendrons aucune étendue
nous serons l'image même de la menace
de celle sans salut, noble et docile

Nous ne célébrerons pas la naissance,
les dédicaces d'espoirs sur les fonds,
nous n'aimerons que la tentation
nous jetterons nos masques par delà la géhenne

Ensemble, nous chanterons des chansons
puantes de vie.
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lundi 16 novembre 2009

Désir déchéant













Peinture : André Masson, Constellation érotique, 1961





Comme à la croisée du désir
je traversais des jardins sans murs
et marchait dans des ruisseaux chantant
j'étreignais sans affection l'obscur parcours de mes ténèbres
et au creux d'une vigoureuse célébration interne
je m'abandonnais dans le vent de somptueux houppiers.
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dimanche 15 novembre 2009

Errance 123
















Toile : Wassily Kandinsky, Fugue, 1914





Des langues pour le lait et l'eau
et ma tête charmée d'automne
dans la tendresse des lavandes dormantes
pour ne pas que la mer se lève dans la mort
pour que la lumière apparaisse
dans mon sang rouge lavé
dans mon cerveau blessé aux vides
j'irais encore et encore, patient et résigné,
dans les plus infimes pistes
d'une alliance avec ma permanente fugue.

samedi 14 novembre 2009

Auto-respiration














Toile : Camille Pissaro, La Forêt, 1870




La forêt entière s'était levée
Je suffoquais aux appels
d'un humus noir
et rien des fauves ni des insectes
ne m'était étranger.

vendredi 13 novembre 2009

Aversion












Photo : Augustin Rayol, Cloudy, 2003




Je déduisais régulièrement comme un immense et totalisant dégoût de moi même mon archaïsme primaire et j'élaborais une mise en scène sophistiqué pour tenter d'exister malgré tout. J'éprouvais comme en écho à mon propre spectacle interne, une fascination morbide pour les restes, les détritus, les immondices, le résiduel.
J'avais dans mes angoisses les nausées primitives d'un impératif meurtre de soi et mon réel devenait démoniaque et envahissant d'une puissance toute mortifère.
Je sécrétais les liquides brûlants de l'amertume vide et contractais mon âme en dilatant mon corps.
Mon propre mépris faisait écho à une pénombre psychique où je m'abandonnais dans une pétrification d'abandon.
Le spectacle de la vie comme une horreur transmissible, je ne reconnaissais mon désir que dans l'attirance à la résilier complètement. La perte définitive comme une vertigineuse attraction, je fuyais la magie des armes et des ponts.
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jeudi 12 novembre 2009

Tourments













Peinture : William Turner, Jason, 1802





Je me perdais lorsque le soleil était haut
Sur chaque rayon se tenait ma fulgurance
Sur chaque brûlure ma descente.
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mercredi 11 novembre 2009

Etat interne
















Peinture : Eugène Delacroix, Odalisque, 1857




J'avais peur des petites choses et sombrer dans le chaos me semblait mécaniquement la seule issue. Je dépassais le calculable dans l'interdit strict d'un temps séparé.
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lundi 9 novembre 2009

Nuit aveuglée








Oeuvre : John Beckley, Marylin,2004




Poser ma voix sur la nuit, le vent, le roc
Tous mes gestes d'un monde du doute
seront l'aveugle lumière
d'une aube plus légère que ma nuit.
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dimanche 8 novembre 2009

Petite H













Un oiseau sur le toit
racontait le poids de mon âme.
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samedi 7 novembre 2009

Ouest Terre
















Peinture : Jean Auguste Dominique Ingres, Jupiter et Thétis, 1811





Terre des comètes
Terre des songes
Terre des mémoires
Terre des chants
Terre des songes.
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vendredi 6 novembre 2009

Sentier
















Photo : Chefkof, 2005





Personne ici,
dans le lit du ruisseau
ne creuse
ce chemin si doux
d'un soleil,
dernier cru.
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jeudi 5 novembre 2009

Mon feu
















Oeuvre : Wiliam Blake, 1805






Le ciel était là haut coupé de blanc
parfois des pierres roulaient
déchirant nos peaux
Nous empruntions les chemins noirs
comme on divise l'alliance à la lumière
Aux épaisses pétales du soir, nous cherchions en vain,
la fin silex de l'harmonie.
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mercredi 4 novembre 2009

Réserve de temps
















Peinture : Alan Davie, The Magician's Mirror No.3 (opus 1450), 2000






Jeu dangereux du manque
le plausible est bien trop ambitieux
le règlement de la pensée comme un dysfonctionnement dangereux
le temps nous avait été donné d'apprendre et tout est si semblable à un ciel alternativement gris et bleu
je pensais l'être dans le temps et l'instant de la mort comme le caractère exact
notre vie se brisait sur une minceur temporelle et la rupture, le survol de notre intuition réelle.
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mardi 3 novembre 2009

Sclérose régressive
















Oeuvre : Daniel Canogar, Blood Streams 1, 1991




Je n'avais pas de référents objectifs et je m'enfermais farouchement dans un silence sans conviction. Rigide et bloqué sur moi même, j'observais avec inertie, la division de mon être.
Je participais à au moins deux âges de ma propre pensée et je ne tentais même plus de les faire communiquer, surpris que j'étais en plein divorce avec moi même. J'avais bien d'un coté, la vie quotidienne et son irraisonné sens et de l'autre, les trop nombreuse cristallisations de mon esprit chargé. Le tout s'enkystait dans un dépérissement que j'envisageais seul, avec toute l'atrophie qu'il auto-engendrait malgré moi. J'étais donc dans cette espèce, d'enclos de l'esprit, suspect et hermétique à un quelconque "air du dehors". Je respirais mal et fumais trop dans ce circuit fermé où je me sentais tel un bras mort d'un long fleuve sans eau. Je ne subsistais qu'en me réfugiant dans mes marges et je perdais progressivement, mon faible intérêt vital.
J'en étais là de mon indigence moral et m'enfonçait dans une tristesse existentielle épaisse que mes 60 mg de Prozac tenait à distance malgré tout.
Dehors, le monde sans moi, chemin résigné d'un flot coupé.
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lundi 2 novembre 2009

Tonalité grise
















Toile : Jasper Johns, Target, 1958




Jour de pluie, j'entendais un téléphone cellulaire agoniser en émettant un son sinistre, comme l'impression qu'il y avait une vie matérielle uniquement.
Rien n'était tout à fait vrai sauf le mouvement des électrons, j'étais dans les abîmes des mouvements électroniques en écoutant un vieux Kraftwerk sur mon poste Grundig à bandes. Dehors, le vent soufflait à perdre haleine et une grise néantisation envahissait mon décor.
Je m'étais auparavant Alprazomé avec régularité et j'observais comme extérieur à moi même, les déchaînements internes. Le soir venu, les cours corporels oeuvraient sur un battement binaire et hypnotique. Dans mon esprit, l'enfance, Audrey, le chocolat, les étés, la Frasse, Youk, Didier, 1995...
Le tout en vrac.
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dimanche 1 novembre 2009

Les murs

















Mélancolie en liesse, je tentais d'évacuer les divisions en bloc étanches
Apanage de la tristesse
Patrouille de la désespérance
et le soleil par dessus.



Toile : Joan Miró, Danseuse, 1925