dimanche 28 février 2010

Reflux














Toile : Pablo Picasso, Nature Morte, 1962




Bourdonnement essaimé
Obscure inclinaison d'un abîme innervé
Me cacher au creux,
D'un lancinant reflux.

Allaitements défunts,
D'une mort,
Comme d'un seul trait.

samedi 27 février 2010












Photographie : Assas

mardi 23 février 2010

Danse cloche













Peinture : Jean-Francois Millet, Bergère gardant son troupeau,
1864






Se brûler,
Dans l'union de souvenirs

Modestes mutilations
D'une rédemption quotidienne.

vendredi 19 février 2010

Crypte d'abîme













Toile : Francisco Goya, Un Chien, 1821




Brutal dégoût
Insurmontable répugnance
Je marchais,
De manques en incompréhensions
Vers un absurde immanquablement
inévitable.

jeudi 18 février 2010

Ressenti 2028
















Etude : Jacopo Robusti, dit Le Tintoret d'après une oeuvre de Michel-Ange, 1540




Cerceau d'un million de doutes,
Je pendais mon cerveau
Sur l'oeil fermé d'une nuit crevée
Rouge fer d'un vieux monde interne
Pendaisons en silex granité
Tessons de coeur sur
un cri spectrale.

mercredi 17 février 2010

Espace courbe
















Toile : Ingres, Le Songe d'Ossian, 1813




Arrière Numidie
Suave senteur
Etoffes moirées,
Humer et entrecroiser
Une somptueusement noire,
fuite du temps.

Dans mes élégies
Je gîtais
Seul et triste,
Mes sanglots comme du vent.

mardi 16 février 2010

Von den hinterweltlern
















Oeuvre : Arnulf Rainer, Dieu crée le monde, 1973




"Zarathoustra lui aussi comme tous les hallucinés de l'au-delà, avait jadis lancé la flèche de son illusion par delà l'humanité. le monde m'apparut alors comme l'oeuvre d'un Dieu souffrant et torturé.
Le monde me paraissait un songe, un poème inventé par un Dieu, une nuée irisée déployée devant les yeux d'un divin mécontent.
Bien et mal, joie et peine, moi et toi - autant de nuées irisées devant ses yeux créateurs. Le créateur voulait détourner de soi le regard : c'est alors qu'il créa le monde.
Joie enivrante pour celui qui souffre, que de détourner les yeux de sa propre souffrance et de s'oublier. Le monde, jadis, me semblait joie enivrante et oubli de soi.
Ce monde éternellement imparfait, image d'une éternelle contradiction et imparfaite image m'apparaissait comme une joie enivrante pour son imparfait Créateur. Tel je m'imaginais le monde.
Aussi, pareil à tous les les visionnaires de l'autre monde, ai-je lancé au delà de l'homme la flèche de mon désir illusoire.
Au delà de l'homme en vérité ?
Hélas ! mes frères, ce Dieu que je créais était ouvrage d'homme et folie humaine, comme tous les dieux.
Il était homme, pauvre fragment d'homme et de moi fantôme né de ma cendre et de ma flamme, et certes il ne me venait point de l'au-delà.
Qu'arriva-t-il, mes frères ? je sus me vaincre, bien que souffrant; je portai mes cendres aux monts, j'inventai une flamme plus claire. Et voici, le fantôme s'évanouit. "
Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra.

vendredi 5 février 2010

Courants d'air
















Oeuvre : Marco Gastini, Sguardo II, 2006




Nous avions des chiens,
Nous avions froid
Rongeant l'encre cache de ciel
Odeurs de chambres et difformité
J'hurlais
Sous la semelle d'une aube bois
Oh triste époque abandonnique
Se ronger ensemble
Très haut dans un cendrier gelé.

jeudi 4 février 2010

Grillages












Photo : Anton Giulio Bragaglia, Dynamisme d'un chien en laisse, 1912




Habiter mal
l'existence,
Attendre la branche
morte
Entretien de l'absence
Abandon renforcé
Je pêche,
sous la terre
Replié et blanc.

mercredi 3 février 2010

Rétive clarté
















Estampe : Yves Klein, Anthropométrie, 1961




Sur le doux escalier de l'ignorance,
Polygoner un désir premier
Comme chemine ce qui ne finit pas

Je voudrais m'ébrouer au creux de branches
Souffler mon insoumission,
A des devinettes sans réponse

Saurais-je un jour ou l'autre
Formuler une journée sans cendre.

mardi 2 février 2010

Froid d'aube

















Peinture : Willem de Kooning, Woman IV, 1972




J'interrogeais l'obscur en moi comme on se cache du jour
Je multipliais les étoiles en me coulant dans le silence
J'étais ancien dans toutes les certitudes
Et aux cris du doute,
J'opposais les décombres d'un langage caché

Aveugle à ce qui me précède
J'observais,
Entre les branches,
Les légères volutes
D'une existence apaisée.