jeudi 31 mars 2011

Moins que tout















Peinture : Michael Smith, The Burning, 2008-2009




"Je ne percuterai pas l’abîme dans ma cave comme un tuyau mal placé, aussi profondément que je creuse, aussi alambiqué que soit mon tunnel – l’abîme n’est pas un filon aurifère, un surplus de pétrole – mais je peux faire mieux que tomber dessus : je peux devenir moi-même l’abîme."

William H. Gass, Le Tunnel

mercredi 30 mars 2011













Peinture : Maaike Schoorel, Twilight, 2004

mardi 29 mars 2011




















Photographie : Christian Marclay, Untitled, 2008

lundi 28 mars 2011




















Oeuvre : Idris Khan, Gasholders, 2004

dimanche 27 mars 2011















Oeuvre : Henri Michaux, Sans titre, 1965

samedi 26 mars 2011














Oeuvre : Stanislav Zhukovski, Nружина (Printemps), 1930

jeudi 24 mars 2011




















Oeuvre : Odile Redon, The Crying Spider, 1881

mercredi 23 mars 2011















Photographie : Seth Dickerman, 2002

mardi 22 mars 2011




















Oeuvre : Alexander Hoda, Pile Up, 2008

lundi 21 mars 2011




















Peinture : Rui Ferreira, Sans titre, 2005

dimanche 20 mars 2011



















Peinture : Wilfried Prager, Untitled, 2006

samedi 19 mars 2011


















Peinture : Oleg Tselkov, Couple, 2011

vendredi 18 mars 2011



















Source : inconnue (www)

jeudi 17 mars 2011
















Peinture : Sébastien Mackowiak

mercredi 16 mars 2011





















Photographie : Bernhard Edmaier Moor Water, 2003

mardi 15 mars 2011




















Photographie : Hersande Hudelot, 2007

lundi 14 mars 2011





















Peinture : René Magritte, La condition humaine, 1933

dimanche 13 mars 2011
















Photographie : Gregory Thielker, Vortex 2008

samedi 12 mars 2011




















Photographie : Paolo Roversi, La fenêtre, Sain loup de Varennes, Maison de Nicephore Niepce, 1999

vendredi 11 mars 2011

Intoxication




















Oeuvre : Samuel Lorne Schmucker, 1915




"Jamais à l'aise dans l'immédiat, ne me séduit que ce qui me précède, que ce qui m'éloigne d'ici, les instants sans nombre où je ne fus pas: le non-né."

Emil Michel Cioran, De l'inconvénient d'être né, 1973

jeudi 10 mars 2011

Les abandons



















Photographie: Michal Rovner, Pull, 2000





"Les mots, ces gouttes de silence à travers le silence."

Paul Frederic Bowles, Un thé au Sahara (1949)

C'était les longues heures de l'incertitude vitale, les heures envisageables d'un décrochement du réel. J'avais des problématiques attachées au vide et ma réalité devenait métaphysiquement asséchée.
J'avais depuis quelques jours l'idée faible d'une rupture avec Mie et tout mon être s'asphyxiait de cette auto-entropie prévue.
Je superposais mes états comme autant d'incises mortelles et me faisais l'effet de présentifier ce qui devenait mon passé.
J'étais passé sans transitions du chenal romantique de la quiétude relative aux effroyables doutes des ombres.
Je traversais alors le silence comme une pénitence et dans ma propre intrication j'entrevoyais les fentes de ma dissolution.
Personne n'avait l'air de se soucier de cette décohérence interne et devais me cacher dans les variables de mon identité.
J'aurais voulu hurler, pleurer et m'éteindre mais mon taux de Fluoxétine trop haut m'interdisait toutes formes de manifestations externes.
J'avais écrit une ultime lettre pour récupérer une situation qui dans ses fondements m'échappait déjà et au coeur de cette douloureuse introspection je fumais clopes sur clopes en pensant à elle
Je revoyais alors, le soleil des semaines dernières où dans une douloureuse prémonition j'avais prévu l'orage et je tombais alors d'une perception à une autre.
Les moments putains comme des serpents venimeux, j'aurais voulu alors décapiter ce qui devait être mon Dao.

mercredi 9 mars 2011

Le vide comme fondement




















Photographie : Duane Michals, Cavafy's journal, 2003




"Peu à peu, la campagne s’enfle et se dore.
Le matin se fourvoie sur les irrégularités de la plaine.
Je suis étranger au spectacle que je vois : je le vois,
Il est extérieur à moi. Aucun sentiment ne me relie à lui,
Et tel est le sentiment qui me relie au matin qui paraît."



"Pouco a pouco o campo se alarga e se doura.
A manhã extravia-se pelos irregulares da planície.
Sou alheio ao espetáculo que vejo: vejo-o,
É exterior a mim. Nenhum sentimento me liga a ele.
E é esse sentimento que me liga à manhã que aparece.
"

Fernando Pessoa (Alberto Caeiro), Poèmes non assemblés

mardi 8 mars 2011

Puissance de la construction




















Peinture : Bernard Maricau, Border Line, 2010




« […] il coupa l’autoradio. Il n’avait jamais aimé la musique, et apparemment l’aimait moins que jamais, il se demanda fugitivement ce qui l’avait conduit à se lancer dans une représentation artistique du monde, ou même à penser qu’une représentation artistique du monde était possible, le monde était tout sauf un sujet d’émotion artistique, le monde se présentait absolument comme un dispositif rationnel, dénué de magie comme d’intérêt particulier. »

Michel Houellebecq, La carte et le territoire, 2010

samedi 5 mars 2011



















Oeuvre : Josef Winkler, Sans titre, 2005





Je puisais désormais dans mon propre grenier et tombais sur ce beau poème triste et froid, écrit sur une belle feuille grise, gros grammage :


"choses sont mots. Quelqu'un - mais qui, mais quoi ? -
Nous écrit : cette incessante graphie
Inextricable et qui ne signifie
Rien, c'est l'histoire humaine. En ce convoi

Passent Carthage et Rome, et moi, lui, toi,
Mon désespoir d'être cryptographie,
Hasard, rébus - mon impensable vie,
Cette babel qui s'écartèle en moi.

Mais par-delà la parole ou le nombre
Un reste attend? Je sens pleurer son ombre
Sur cet acier léger, lucide et bleu

Qui cherche un point où l'océan fait trêve;
Presque une montre entre aperçue en rêve,
Presque un oiseau qui dort et tremble un peu"

Jorge Luis Borges, El Otro, El Mismo, 1953

vendredi 4 mars 2011





















Sculpture : Estella Fransbergen, Has Spoken to You-You Name Her,2004

jeudi 3 mars 2011

Réactivation déiste





















oeuvre : António Olaio, A place called Z, 2009





«Tout était là – bien qu’il n’y eût plus de comptable pour dresser l’inventaire de ses éléments – mais le royaume originel et réellement non reproductible avait disparu à jamais, il avait été broyé par la force infinie d’un chaos qui recelait les cristaux de l’ordre, brisé par la circulation irréductible et indifférente qui gouvernait l’univers.»
László Krasznahorkai, La mélancolie de la résistance

mercredi 2 mars 2011

Les fuites




















Peinture : Jean-Marc Bustamante, Sur place, 2007




«Il lui semblait en effet que ce qu’avait de royal la prodigalité de l’existence, et d’indicible la noblesse de l’âme, se trouvait contenu dans de telles rencontres; une chose splendide, c’était que cette mort solitaire qu’est la vie ne pût nous empêcher d’admirer une beauté qui nous reste étrangère, que nous ne comprenons pas, qui ne peut nous découvrir son mystère et ne peut rien nous donner, et cela, du seul fait qu’elle était belle; oui, il était splendide que nous fussions artistes quoique nous fussions hommes, mais artistes aussi en ceci, que nous ne nous plaignions même pas lorsque cette beauté nous échappait, mais savions la saluer et exulter à sa vue, parce que la contemplation du spectacle tragique de la vie nous importait davantage que notre propre destin.»
Leopold Andrian, Le Jardin de la connaissance [1895] (Verdier, coll. Der Doppelgänger, 1992), pp. 41-2.

mardi 1 mars 2011





















Peinture : Sem Título, 1998