mercredi 30 novembre 2011

Le Sabbal

























Œuvre : Bruno Bernier, L'homme-foule, 2010




" Souffrir de la réalité signifie être soi-même une réalité manquée"
Nietzsche

mardi 29 novembre 2011

Tétractys


























Œuvre : Marcel Berlanger, Serenoa/Orange, 2003




"Que pourrais-je aujourd’hui regretter ? Ce n’est pas un moindre sort que d’être appelé à explorer les extrêmes, surtout si l’on doit y trouver le désert"

Raymond Abellio, Ma dernière mémoire, 1971


Pendant que j'abandonnais les lys sur des nénuphars violets, j'avalais des Grenades marécageuses et d'immenses flambeaux de miel.

J'acceptais mes fardeaux aussi certainement que mon propre abandon et fuyais malgré tout le tabernacle du plein vide.
Hiram, restait dans un silence dense et mon vide était aussi spatial que néantisé.

J'absorbais la mort par petits bouts d'Alprazolam en vieux clopes, le regard porté sur les intervalles.

lundi 28 novembre 2011
























Œuvre : Magali Herrera, Sans Titre, 1980

dimanche 27 novembre 2011
























Œuvre : Muriel Haddad, 1983

samedi 26 novembre 2011

Blanc matin


























Oeuvre : Carl Fredik Hill, 1902



C'était de ces jours blancs où tout me paraissait si lointain, si vain. J'errais en moi d'ignorances en dé-générations et à mon incroyance à moi même se mouvait un réel sans substance aussi brisé qu’irréel.
En dehors de moi, la vie grouillait comme un milliard de vers aux couleurs froides d'un hiver prochain et tel un ecclésiastique du vide je tripatouillais tant bien que mal une existence toute entière voilée au réel.

Mes innombrables tropismes, tous voués à une entropie fondamentale s'échouaient les uns après les autres sur les bords d'un gouffre au goût vinaigre.
J'avais vu à l'instant, des immortels balayer les feuilles mortes, le regard fatigué et une vague eschatologie auto-centrée m'envahissait aussi surement que l'existence avançait.

J'ouvrais alors un obscur texte de Krasznahorkai et j'y lisais :

"Tout était là – bien qu’il n’y eût plus de comptable pour dresser l’inventaire de ses éléments – mais le royaume originel et réellement non reproductible avait disparu à jamais, il avait été broyé par la force infinie d’un chaos qui recelait les cristaux de l’ordre, brisé par la circulation irréductible et indifférente qui gouvernait l’univers."

László Krasznahorkai, La mélancolie de la résistance

vendredi 25 novembre 2011












Photographie : Aaron Hobson, 2007Lien

jeudi 24 novembre 2011

Système du sens

























Photographie : Maxfield Parrish, The Great Southwest, 1902




" Nous appelons dialectique le mouvement rationnel supérieur, à la faveur duquel ces termes en apparence séparés passent les uns dans les autres, spontanément, en vertu même de ce qu'ils sont, l'hypothèse de leur séparation se trouvant ainsi éliminée "
G.W.F. Hegel, Logique

mercredi 23 novembre 2011

Logos vomitif



















Peinture : Abdul Shokoor Khesrawi, Sans Titre




J'étais l'ilote d'une haeccéité fondamentale et j'errais entre des testaments de morts et des montages vitalistes très kabbalistiques.
Inerte à moi même et comme en prise avec une réaction nucléaire, j'assistais, impuissant à des inondations d'hapax (s) inféconds.
Enseveli Semper & Ubique, je me réduisais à un double analogon profondément hétéromorphe.
De mes perceptions j'en cuisinais d'innombrables aperceptions comme autant d'Unus Mundus, multipliant mon weltanschauung
heuristique , symétriquement unique et solitaire .
J'entrais et venais dans mes propres annales comme un gnostique noyauté par Dieu.

mardi 22 novembre 2011

La réserve





















Œuvre : Bernard Réquichot, Sans Titre, 1955





Sous l'oraison d'un flux solaire,
Soutenir
Un céleste noir lumineux
Comme d'une doublure féerique
D'une fiction liquide

Dans les gueules
De la chevelure du temps
Les lieux noirs d'un folklore englouti
Fiction d'une eau noire
Sacrifice des emblèmes d'un Éden

Avoir en soi,
La lunaire survivance de l'Hadès primitif

Tel un Ulysse sur son mat
Je transgresserais
Dans une ascension penchée
Les vertiges de la condition terrestre.

sans titre, 1955

lundi 21 novembre 2011
















Photographie : Hamish Fulton

dimanche 20 novembre 2011



















Œuvre : Nick Agid

samedi 19 novembre 2011


















Oeuvre : Sabine Aell, FreedomWalkers, 2010

vendredi 18 novembre 2011

Peur & Effondrement
























Oeuvre : Jessalyn Aaland, Fleeting Interests, 2009



C'était l'heure de l'eau noire, quelque part entre la mer et les Cathares, une femme et la mort.
De son souvenir, dans les traces haineuses du temps, la chevelure rouge d'un être éteint, la superficialité d'une vie passée, entre le mouvement libre d'un cheval rétif et des gitans marins.
Entre Pastis dense et taureau de carton.
J'allais devoir affronter les démons mortifères aussi surement que la nuit tomberait un jour pour toujours
et il fallait continuer à faire semblant.
J'ouvrais alors un vieux livre situé entre les deux cotés du vertige. psychiatrie

"Nous sommes condamnés, sans doute, à côtoyer éternellement le bord de l’éternité, sans jamais faire notre plongeon définitif dans le gouffre " schizophrénie

Edgar Allan Poe, in Histoires extraordinaires, 1856

jeudi 17 novembre 2011

Connaissance par le bas
























Peinture : Jean-Michel Alberola, Derrière Suzanne,1983





" Vous qu’une même flamme enveloppe et dévore,
Si je vous ai servis quand je vivais encore,
Et fait sur vos tombeaux quelques myrtes fleurir,

Alors que j’écrivis mon immortel ouvrage,
Arrêtez ! qu’un de vous dise sur quel rivage
Artisan de sa perte, il est allé mourir !»

Puis voici que sa crête en tous sens se promène,
S’élevant, s’abaissant comme une langue humaine
Et profère ces mots exhalés sourdement :

"Loin des bords appelés Gaëte par Énée
Lorsque je pris la fuite après plus d’une année
Et rompis de Circé le filet enchanteur;

Ni le doux souvenir d’un fils, ni mon vieux père,
Ni l’amour qu’attendait l’épouse toujours chère,
Qui seul de Pénélope aurait fait le bonheur;

Rien ne put vaincre en moi cette ardeur sans seconde,
Qui me brûlait de voir et d’étudier le monde
Et l’homme et ses vertus et sa perversité.

Et sur la haute mer tout seul je me hasarde
Avec un seul navire et cette faible garde
Qui partagea mon sort et ne m’a point quitté.

(…)

Malgré tous les périls et les destins contraires
Nous touchons l’Occident, m’écriai-je, ô mes frères !
Pour un reste de vie éphémère, incertain,

Quand vos yeux pour toujours vont se fermer peut-être,
Ne vous ravissez pas ce bonheur de connaître
Par delà le soleil un monde inhabité !

[…]

Et, la poupe tournée au levant, nous voguâmes,
Effleurant l’onde à peine et volant sur nos rames,
Poussant vers l’Occident notre voile au hasard.

Déjà, de l’autre pôle où s’égarent nos voiles
La nuit a déployé sur son front les étoiles;
Le nôtre à l’horizon déjà fuit et décroît.

Cinq fois mourait, cinq fois s’allumait dans la brune
Cette pâle clarté qui tombe de la lune,
Depuis que nous étions entrés dans le détroit,

Lorsque nous apparut, à travers la distance
Une montagne obscure encore, mais immense;
Jamais je n’avais vu mont si grand ni si beau.

Mais notre courte joie en des larmes se change:
Soudain du Nouveau-Monde un tourbillon étrange
S’élève et vient au flanc frapper notre vaisseau,

Trois fois le fait tourner en amoncelant l’onde,
Puis soulève la poupe, et la mer profonde
Fait descendre la proue au gré d’un bras jaloux,

Jusqu’à ce que la mer se referme sur nous"

Dante, Divine Comédie, l'Enfer XXVI

mercredi 16 novembre 2011

Effet Nocebo
























Œuvre : Ambrus Imre, Sans titre, 1936




Depuis longtemps sans équerre ni compas, je rendais le rond à toutes les formes, tout en sachant qu'un obscur principe d'équité demandait symétriquement l'inverse.
J'arrivais avec mal mais, avec la conscience douloureuse d'une dissymétrie fondamentale, à croire dans un état statique même si fragile.
Au cœur même d'une puissante dualité mon esprit actif se suspendait à une passivité métastasée.
Quand j'entendais les foudres de Thôr, je me fertilisais au spéculatif d'une force obscurément divine et de la main droite j'absorbais mon mercure devenu blanc - lumière.
J'attendais, alors, un apaisement exotérique qui souvent prenait le corps d'un emblème psychotropique rose pâle.
Assurément, l'intime dans lequel j'évoluais était la Ténèbre et mon espace, la Nuit.

Dans le coin supérieur gauche, je validais le tout avec une subjectivité massive en invoquant un Barnum devenu démiurge.

mardi 15 novembre 2011

Dissolution 2528























Peinture : Franz Ackerman, , Mental Map Evasion IV, 1996




Les gouffres s'éparpillaient
D'épaisseurs mondes en détours d'océans

Dans les bouches épaisses du jour,
J'aspirais par les yeux des bulles poisons psychiatrie

De ciels troubles en jours denses
J'entendais de violentes voix sylvestres schizophrénie
- la folie n'est pas réversible

Les jours pluies cessaient
A peu près aussi vite que le jour meurt

Sous l'ombre abyssale d'un possible destin
Je me cachais alors,
Dans les plis d'une perpétuelle fuite à moi même.

lundi 14 novembre 2011

















Œuvre : François le Goff, 1916

dimanche 13 novembre 2011






















O

Oeuvre : Patricia Abramovich, green 2010

samedi 12 novembre 2011

Dedans




















Lien


Oeuvre : Manuel Ocampo, An Altar To Aesthetic Misfortune, 2010




"Ne me demandez plus mon programme ; respirer, n'en est-ce pas un ? "

E.M. Cioran, Syllogismes de l'amertume

vendredi 11 novembre 2011

Strates 714

























Toile : Hans Meyer Petersen




" La conscience est bien plus que l'écharde, elle est le poignard dans la chair. "

E.M. Cioran, De l'inconvénient d'être né.

jeudi 10 novembre 2011

Nuit indigne




















Toile : Vadon, Rayon de soleil, 2002




" Mais le signe extérieur ici est parfaitement égal, ici où l'hermétisme, c'est-à-dire une intériorité, dont le secret s'est brouillé, est avant tout la chose à sauvegarder. Les formes les plus inférieures du désespoir, sans intériorité réelle ni rien en tout cas à en dire, on devrait les peindre en se bornant à décrire ou indiquer d'un mot les signes extérieurs des individus. Mais plus le désespoir se spiritualise, plus l'intériorité s'isole comme un monde inclus dans l'hermétisme, plus deviennent indifférents ces dehors sous lesquels le désespoir se cache."

Søren Kierkegaard, Traité du désespoir, 1849

mercredi 9 novembre 2011

Genèse du ruisseau























Oeuvre : Bernard Réquichot, Pekat'lokaille, 1960





" Il lui semblait en effet que ce qu’avait de royal la prodigalité de l’existence, et d’indicible la noblesse de l’âme, se trouvait contenu dans de telles rencontres; une chose splendide, c’était que cette mort solitaire qu’est la vie ne pût nous empêcher d’admirer une beauté qui nous reste étrangère, que nous ne comprenons pas, qui ne peut nous découvrir son mystère et ne peut rien nous donner, et cela, du seul fait qu’elle était belle; oui, il était splendide que nous fussions artistes quoique nous fussions hommes, mais artistes aussi en ceci, que nous ne nous plaignions même pas lorsque cette beauté nous échappait, mais savions la saluer et exulter à sa vue, parce que la contemplation du spectacle tragique de la vie nous importait davantage que notre propre destin "
Leopold Andrian, Le Jardin de la connaissance, 1895



mardi 8 novembre 2011

tempete

























Peinture : Stéphane Duclos, Apocalipse Céleste, 2002

lundi 7 novembre 2011
























Œuvre : Georges Grosz, The end of the road, 1913




IL y a un terrible gris de poussière dans le temps
Un vent du sud avec de fortes ailes
Les échos sourds de l'eau dans le soir chavirant
Et dans la nuit mouillée qui jaillit du tournant
des voix rugueuses qui se plaignent
Un goût de cendre sur la langue
Un bruit d'orgue dans les sentiers
Le navire du coeur qui tangue
Tous les désastres du métier

Quand les feux du désert s'éteignent un à un
Quand les yeux sont mouillés comme
des brins d'herbe
Quand la rosée descend les pieds nus sur les feuilles Le matin à peine levé
Il y a quelqu'un qui cherche
Une adresse perdue dans le chemin caché
Les astres dérouillés et les fleurs dégringolent
A travers les branches cassées
Et le ruisseau obscur essuie ses lèvres molles à peine décollées

Quand le pas du marcheur sur le cadran qui compte

règle le mouvement et pousse l'horizon
Tous les cris sont passés tous les temps se rencontrent

Et moi je marche au ciel les yeux dans les rayons
Il y a du bruit pour rien et des noms dans ma tête
Des visages vivants
Tout ce qui s'est passé au monde
Et cette fête
Où j'ai perdu mon temps


Pierre Reverdy, Chemin Tournant

dimanche 6 novembre 2011
























Oeuvre : Jules Godi, 1974

samedi 5 novembre 2011




















Oeuvre : Prem Abhinav, Master's Garden, 2004

vendredi 4 novembre 2011





















Peinture : Frank Jons, Le brasier, 2011Lien

jeudi 3 novembre 2011

Ruine cruelle
















Photographie : Guy Tillim, Mozambique, 2008




Le soir venu, je réactivais une note de Cioran datant de 1957 qui écrivait : " Le fond du désespoir est le doute sur soi" et j'avais bien, de nouveau les attaques du déchirement interne comme une physiologie du chaos psychique.
Comme lui, en date du 24 février 1958, j'avais épuisé ma capacité de me consoler des obsessions noires et je voguais entre projets chimériques et une puissante théologie du néant.
Je subissais le travail négateur du temps dans un sentiment d'étrangeté que même le puissant olanzapine n'arrivait plus à juguler.
Au cœur de mes idéaux médiocres je sauvais les apparences, le cheveux devenu blond et la cigarette droite.
J'aurais voulu appartenir à un groupe séduisant et révélant mais je perdais en moi corrélativement tous les cadavres d'une idéalisation quelconque.
J'absorbais alors par le fond, la massivité de la désintégration et demeurait définitivement prostré dans une liberté vide qu'elle même je m'injectais à haute dose.
Le 9 avril 1962, Cioran écrivait que " la folie n'est peut être qu'un chagrin qui n'évolue plus" et j'en restais là de cette incomplétude.
L'irréelle Alexandra me sortait alors de ses contours culturels, un vieux NRF et j'y lisais :

"Tout était là – bien qu’il n’y eût plus de comptable pour dresser l’inventaire de ses éléments – mais le royaume originel et réellement non reproductible avait disparu à jamais, il avait été broyé par la force infinie d’un chaos qui recelait les cristaux de l’ordre, brisé par la circulation irréductible et indifférente qui gouvernait l’univers."

László Krasznahorkai, La mélancolie de la résistance.
psychiatrie schizophrénie



Ma crucifixion spirituelle était bien celle du réel, déchirant et sourd.

mercredi 2 novembre 2011

Agenda Pluie
























Oeuvre : Armen Gasparian, la Bataille




"Mais le signe extérieur ici est parfaitement égal, ici où l'hermétisme, c'est-à-dire une intériorité, dont le secret s'est brouillé, est avant tout la chose à sauvegarder. Les formes les plus inférieures du désespoir, sans intériorité réelle ni rien en tout cas à en dire, on devrait les peindre en se bornant à décrire ou indiquer d'un mot les signes extérieurs des individus. Mais plus le désespoir se spiritualise, plus l'intériorité s'isole comme un monde inclus dans l'hermétisme, plus deviennent indifférents ces dehors sous lesquels le désespoir se cache."

Soren Kierkegaard, Traité du désespoir

mardi 1 novembre 2011
























Peinture : Pierre Dmitrienko, Calvary, 1956