Anti-journal d'une fuite schizophrénique, chroniques de sensations dissociées et autres nodositées existentielles.. Ma pensée est un pur plaisir, elle ne féconde pas.
mardi 3 novembre 2009
Sclérose régressive
Oeuvre : Daniel Canogar, Blood Streams 1, 1991
Je n'avais pas de référents objectifs et je m'enfermais farouchement dans un silence sans conviction. Rigide et bloqué sur moi même, j'observais avec inertie, la division de mon être.
Je participais à au moins deux âges de ma propre pensée et je ne tentais même plus de les faire communiquer, surpris que j'étais en plein divorce avec moi même. J'avais bien d'un coté, la vie quotidienne et son irraisonné sens et de l'autre, les trop nombreuse cristallisations de mon esprit chargé. Le tout s'enkystait dans un dépérissement que j'envisageais seul, avec toute l'atrophie qu'il auto-engendrait malgré moi. J'étais donc dans cette espèce, d'enclos de l'esprit, suspect et hermétique à un quelconque "air du dehors". Je respirais mal et fumais trop dans ce circuit fermé où je me sentais tel un bras mort d'un long fleuve sans eau. Je ne subsistais qu'en me réfugiant dans mes marges et je perdais progressivement, mon faible intérêt vital.
J'en étais là de mon indigence moral et m'enfonçait dans une tristesse existentielle épaisse que mes 60 mg de Prozac tenait à distance malgré tout.
Dehors, le monde sans moi, chemin résigné d'un flot coupé.
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