Anti-journal d'une fuite schizophrénique, chroniques de sensations dissociées et autres nodositées existentielles.. Ma pensée est un pur plaisir, elle ne féconde pas.
jeudi 31 mars 2011
Moins que tout
Peinture : Michael Smith, The Burning, 2008-2009
"Je ne percuterai pas l’abîme dans ma cave comme un tuyau mal placé, aussi profondément que je creuse, aussi alambiqué que soit mon tunnel – l’abîme n’est pas un filon aurifère, un surplus de pétrole – mais je peux faire mieux que tomber dessus : je peux devenir moi-même l’abîme."
William H. Gass, Le Tunnel
mercredi 30 mars 2011
mardi 29 mars 2011
lundi 28 mars 2011
dimanche 27 mars 2011
samedi 26 mars 2011
jeudi 24 mars 2011
mercredi 23 mars 2011
mardi 22 mars 2011
lundi 21 mars 2011
dimanche 20 mars 2011
samedi 19 mars 2011
vendredi 18 mars 2011
jeudi 17 mars 2011
mercredi 16 mars 2011
mardi 15 mars 2011
lundi 14 mars 2011
dimanche 13 mars 2011
vendredi 11 mars 2011
Intoxication
Oeuvre : Samuel Lorne Schmucker, 1915
"Jamais à l'aise dans l'immédiat, ne me séduit que ce qui me précède, que ce qui m'éloigne d'ici, les instants sans nombre où je ne fus pas: le non-né."
Emil Michel Cioran, De l'inconvénient d'être né, 1973
jeudi 10 mars 2011
Les abandons
Photographie: Michal Rovner, Pull, 2000
"Les mots, ces gouttes de silence à travers le silence."
Paul Frederic Bowles, Un thé au Sahara (1949)
C'était les longues heures de l'incertitude vitale, les heures envisageables d'un décrochement du réel. J'avais des problématiques attachées au vide et ma réalité devenait métaphysiquement asséchée.
J'avais depuis quelques jours l'idée faible d'une rupture avec Mie et tout mon être s'asphyxiait de cette auto-entropie prévue.
Je superposais mes états comme autant d'incises mortelles et me faisais l'effet de présentifier ce qui devenait mon passé.
J'étais passé sans transitions du chenal romantique de la quiétude relative aux effroyables doutes des ombres.
Je traversais alors le silence comme une pénitence et dans ma propre intrication j'entrevoyais les fentes de ma dissolution.
Personne n'avait l'air de se soucier de cette décohérence interne et devais me cacher dans les variables de mon identité.
J'aurais voulu hurler, pleurer et m'éteindre mais mon taux de Fluoxétine trop haut m'interdisait toutes formes de manifestations externes.
J'avais écrit une ultime lettre pour récupérer une situation qui dans ses fondements m'échappait déjà et au coeur de cette douloureuse introspection je fumais clopes sur clopes en pensant à elle
Je revoyais alors, le soleil des semaines dernières où dans une douloureuse prémonition j'avais prévu l'orage et je tombais alors d'une perception à une autre.
Les moments putains comme des serpents venimeux, j'aurais voulu alors décapiter ce qui devait être mon Dao.
mercredi 9 mars 2011
Le vide comme fondement
Photographie : Duane Michals, Cavafy's journal, 2003
"Peu à peu, la campagne s’enfle et se dore.
Le matin se fourvoie sur les irrégularités de la plaine.
Je suis étranger au spectacle que je vois : je le vois,
Il est extérieur à moi. Aucun sentiment ne me relie à lui,
Et tel est le sentiment qui me relie au matin qui paraît."
"Pouco a pouco o campo se alarga e se doura.
A manhã extravia-se pelos irregulares da planície.
Sou alheio ao espetáculo que vejo: vejo-o,
É exterior a mim. Nenhum sentimento me liga a ele.
E é esse sentimento que me liga à manhã que aparece."
Fernando Pessoa (Alberto Caeiro), Poèmes non assemblés
mardi 8 mars 2011
Puissance de la construction
Peinture : Bernard Maricau, Border Line, 2010
« […] il coupa l’autoradio. Il n’avait jamais aimé la musique, et apparemment l’aimait moins que jamais, il se demanda fugitivement ce qui l’avait conduit à se lancer dans une représentation artistique du monde, ou même à penser qu’une représentation artistique du monde était possible, le monde était tout sauf un sujet d’émotion artistique, le monde se présentait absolument comme un dispositif rationnel, dénué de magie comme d’intérêt particulier. »
Michel Houellebecq, La carte et le territoire, 2010
samedi 5 mars 2011
Oeuvre : Josef Winkler, Sans titre, 2005
Je puisais désormais dans mon propre grenier et tombais sur ce beau poème triste et froid, écrit sur une belle feuille grise, gros grammage :
"choses sont mots. Quelqu'un - mais qui, mais quoi ? -
Nous écrit : cette incessante graphie
Inextricable et qui ne signifie
Rien, c'est l'histoire humaine. En ce convoi
Passent Carthage et Rome, et moi, lui, toi,
Mon désespoir d'être cryptographie,
Hasard, rébus - mon impensable vie,
Cette babel qui s'écartèle en moi.
Mais par-delà la parole ou le nombre
Un reste attend? Je sens pleurer son ombre
Sur cet acier léger, lucide et bleu
Qui cherche un point où l'océan fait trêve;
Presque une montre entre aperçue en rêve,
Presque un oiseau qui dort et tremble un peu"
Jorge Luis Borges, El Otro, El Mismo, 1953
vendredi 4 mars 2011
jeudi 3 mars 2011
Réactivation déiste
oeuvre : António Olaio, A place called Z, 2009
«Tout était là – bien qu’il n’y eût plus de comptable pour dresser l’inventaire de ses éléments – mais le royaume originel et réellement non reproductible avait disparu à jamais, il avait été broyé par la force infinie d’un chaos qui recelait les cristaux de l’ordre, brisé par la circulation irréductible et indifférente qui gouvernait l’univers.»
László Krasznahorkai, La mélancolie de la résistance
mercredi 2 mars 2011
Les fuites
Peinture : Jean-Marc Bustamante, Sur place, 2007
«Il lui semblait en effet que ce qu’avait de royal la prodigalité de l’existence, et d’indicible la noblesse de l’âme, se trouvait contenu dans de telles rencontres; une chose splendide, c’était que cette mort solitaire qu’est la vie ne pût nous empêcher d’admirer une beauté qui nous reste étrangère, que nous ne comprenons pas, qui ne peut nous découvrir son mystère et ne peut rien nous donner, et cela, du seul fait qu’elle était belle; oui, il était splendide que nous fussions artistes quoique nous fussions hommes, mais artistes aussi en ceci, que nous ne nous plaignions même pas lorsque cette beauté nous échappait, mais savions la saluer et exulter à sa vue, parce que la contemplation du spectacle tragique de la vie nous importait davantage que notre propre destin.»
Leopold Andrian, Le Jardin de la connaissance [1895] (Verdier, coll. Der Doppelgänger, 1992), pp. 41-2.
mardi 1 mars 2011
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