Anti-journal d'une fuite schizophrénique, chroniques de sensations dissociées et autres nodositées existentielles.. Ma pensée est un pur plaisir, elle ne féconde pas.
samedi 5 mars 2011
Oeuvre : Josef Winkler, Sans titre, 2005
Je puisais désormais dans mon propre grenier et tombais sur ce beau poème triste et froid, écrit sur une belle feuille grise, gros grammage :
"choses sont mots. Quelqu'un - mais qui, mais quoi ? -
Nous écrit : cette incessante graphie
Inextricable et qui ne signifie
Rien, c'est l'histoire humaine. En ce convoi
Passent Carthage et Rome, et moi, lui, toi,
Mon désespoir d'être cryptographie,
Hasard, rébus - mon impensable vie,
Cette babel qui s'écartèle en moi.
Mais par-delà la parole ou le nombre
Un reste attend? Je sens pleurer son ombre
Sur cet acier léger, lucide et bleu
Qui cherche un point où l'océan fait trêve;
Presque une montre entre aperçue en rêve,
Presque un oiseau qui dort et tremble un peu"
Jorge Luis Borges, El Otro, El Mismo, 1953