Anti-journal d'une fuite schizophrénique, chroniques de sensations dissociées et autres nodositées existentielles.. Ma pensée est un pur plaisir, elle ne féconde pas.
mercredi 30 novembre 2011
mardi 29 novembre 2011
Tétractys
Œuvre : Marcel Berlanger, Serenoa/Orange, 2003
"Que pourrais-je aujourd’hui regretter ? Ce n’est pas un moindre sort que d’être appelé à explorer les extrêmes, surtout si l’on doit y trouver le désert"
Raymond Abellio, Ma dernière mémoire, 1971
Pendant que j'abandonnais les lys sur des nénuphars violets, j'avalais des Grenades marécageuses et d'immenses flambeaux de miel.
J'acceptais mes fardeaux aussi certainement que mon propre abandon et fuyais malgré tout le tabernacle du plein vide.
Hiram, restait dans un silence dense et mon vide était aussi spatial que néantisé.
J'absorbais la mort par petits bouts d'Alprazolam en vieux clopes, le regard porté sur les intervalles.
lundi 28 novembre 2011
dimanche 27 novembre 2011
samedi 26 novembre 2011
Blanc matin
Oeuvre : Carl Fredik Hill, 1902
C'était de ces jours blancs où tout me paraissait si lointain, si vain. J'errais en moi d'ignorances en dé-générations et à mon incroyance à moi même se mouvait un réel sans substance aussi brisé qu’irréel.
En dehors de moi, la vie grouillait comme un milliard de vers aux couleurs froides d'un hiver prochain et tel un ecclésiastique du vide je tripatouillais tant bien que mal une existence toute entière voilée au réel.
Mes innombrables tropismes, tous voués à une entropie fondamentale s'échouaient les uns après les autres sur les bords d'un gouffre au goût vinaigre.
J'avais vu à l'instant, des immortels balayer les feuilles mortes, le regard fatigué et une vague eschatologie auto-centrée m'envahissait aussi surement que l'existence avançait.
J'ouvrais alors un obscur texte de Krasznahorkai et j'y lisais :
"Tout était là – bien qu’il n’y eût plus de comptable pour dresser l’inventaire de ses éléments – mais le royaume originel et réellement non reproductible avait disparu à jamais, il avait été broyé par la force infinie d’un chaos qui recelait les cristaux de l’ordre, brisé par la circulation irréductible et indifférente qui gouvernait l’univers."
László Krasznahorkai, La mélancolie de la résistance
vendredi 25 novembre 2011
jeudi 24 novembre 2011
Système du sens
Photographie : Maxfield Parrish, The Great Southwest, 1902
" Nous appelons dialectique le mouvement rationnel supérieur, à la faveur duquel ces termes en apparence séparés passent les uns dans les autres, spontanément, en vertu même de ce qu'ils sont, l'hypothèse de leur séparation se trouvant ainsi éliminée "
G.W.F. Hegel, Logique
mercredi 23 novembre 2011
Logos vomitif
Peinture : Abdul Shokoor Khesrawi, Sans Titre
J'étais l'ilote d'une haeccéité fondamentale et j'errais entre des testaments de morts et des montages vitalistes très kabbalistiques.
Inerte à moi même et comme en prise avec une réaction nucléaire, j'assistais, impuissant à des inondations d'hapax (s) inféconds.
Enseveli Semper & Ubique, je me réduisais à un double analogon profondément hétéromorphe.
De mes perceptions j'en cuisinais d'innombrables aperceptions comme autant d'Unus Mundus, multipliant mon weltanschauung heuristique , symétriquement unique et solitaire .
J'entrais et venais dans mes propres annales comme un gnostique noyauté par Dieu.
mardi 22 novembre 2011
La réserve
Œuvre : Bernard Réquichot, Sans Titre, 1955
Sous l'oraison d'un flux solaire,
Soutenir
Un céleste noir lumineux
Comme d'une doublure féerique
D'une fiction liquide
Dans les gueules
De la chevelure du temps
Les lieux noirs d'un folklore englouti
Fiction d'une eau noire
Sacrifice des emblèmes d'un Éden
Avoir en soi,
La lunaire survivance de l'Hadès primitif
Tel un Ulysse sur son mat
Je transgresserais
Dans une ascension penchée
Les vertiges de la condition terrestre.
sans titre, 1955
lundi 21 novembre 2011
dimanche 20 novembre 2011
samedi 19 novembre 2011
vendredi 18 novembre 2011
Peur & Effondrement
Oeuvre : Jessalyn Aaland, Fleeting Interests, 2009
C'était l'heure de l'eau noire, quelque part entre la mer et les Cathares, une femme et la mort.
De son souvenir, dans les traces haineuses du temps, la chevelure rouge d'un être éteint, la superficialité d'une vie passée, entre le mouvement libre d'un cheval rétif et des gitans marins.
Entre Pastis dense et taureau de carton.
J'allais devoir affronter les démons mortifères aussi surement que la nuit tomberait un jour pour toujours et il fallait continuer à faire semblant.
J'ouvrais alors un vieux livre situé entre les deux cotés du vertige. psychiatrie
"Nous sommes condamnés, sans doute, à côtoyer éternellement le bord de l’éternité, sans jamais faire notre plongeon définitif dans le gouffre " schizophrénie
Edgar Allan Poe, in Histoires extraordinaires, 1856
jeudi 17 novembre 2011
Connaissance par le bas
Peinture : Jean-Michel Alberola, Derrière Suzanne,1983
" Vous qu’une même flamme enveloppe et dévore,
Si je vous ai servis quand je vivais encore,
Et fait sur vos tombeaux quelques myrtes fleurir,
Alors que j’écrivis mon immortel ouvrage,
Arrêtez ! qu’un de vous dise sur quel rivage
Artisan de sa perte, il est allé mourir !»
Puis voici que sa crête en tous sens se promène,
S’élevant, s’abaissant comme une langue humaine
Et profère ces mots exhalés sourdement :
"Loin des bords appelés Gaëte par Énée
Lorsque je pris la fuite après plus d’une année
Et rompis de Circé le filet enchanteur;
Ni le doux souvenir d’un fils, ni mon vieux père,
Ni l’amour qu’attendait l’épouse toujours chère,
Qui seul de Pénélope aurait fait le bonheur;
Rien ne put vaincre en moi cette ardeur sans seconde,
Qui me brûlait de voir et d’étudier le monde
Et l’homme et ses vertus et sa perversité.
Et sur la haute mer tout seul je me hasarde
Avec un seul navire et cette faible garde
Qui partagea mon sort et ne m’a point quitté.
(…)
Malgré tous les périls et les destins contraires
Nous touchons l’Occident, m’écriai-je, ô mes frères !
Pour un reste de vie éphémère, incertain,
Quand vos yeux pour toujours vont se fermer peut-être,
Ne vous ravissez pas ce bonheur de connaître
Par delà le soleil un monde inhabité !
[…]
Et, la poupe tournée au levant, nous voguâmes,
Effleurant l’onde à peine et volant sur nos rames,
Poussant vers l’Occident notre voile au hasard.
Déjà, de l’autre pôle où s’égarent nos voiles
La nuit a déployé sur son front les étoiles;
Le nôtre à l’horizon déjà fuit et décroît.
Cinq fois mourait, cinq fois s’allumait dans la brune
Cette pâle clarté qui tombe de la lune,
Depuis que nous étions entrés dans le détroit,
Lorsque nous apparut, à travers la distance
Une montagne obscure encore, mais immense;
Jamais je n’avais vu mont si grand ni si beau.
Mais notre courte joie en des larmes se change:
Soudain du Nouveau-Monde un tourbillon étrange
S’élève et vient au flanc frapper notre vaisseau,
Trois fois le fait tourner en amoncelant l’onde,
Puis soulève la poupe, et la mer profonde
Fait descendre la proue au gré d’un bras jaloux,
Jusqu’à ce que la mer se referme sur nous"
Dante, Divine Comédie, l'Enfer XXVI
mercredi 16 novembre 2011
Effet Nocebo
Œuvre : Ambrus Imre, Sans titre, 1936
Depuis longtemps sans équerre ni compas, je rendais le rond à toutes les formes, tout en sachant qu'un obscur principe d'équité demandait symétriquement l'inverse.
J'arrivais avec mal mais, avec la conscience douloureuse d'une dissymétrie fondamentale, à croire dans un état statique même si fragile.
Au cœur même d'une puissante dualité mon esprit actif se suspendait à une passivité métastasée.
Quand j'entendais les foudres de Thôr, je me fertilisais au spéculatif d'une force obscurément divine et de la main droite j'absorbais mon mercure devenu blanc - lumière.
J'attendais, alors, un apaisement exotérique qui souvent prenait le corps d'un emblème psychotropique rose pâle.
Assurément, l'intime dans lequel j'évoluais était la Ténèbre et mon espace, la Nuit.
Dans le coin supérieur gauche, je validais le tout avec une subjectivité massive en invoquant un Barnum devenu démiurge.
mardi 15 novembre 2011
Dissolution 2528
Peinture : Franz Ackerman, , Mental Map Evasion IV, 1996
Les gouffres s'éparpillaient
D'épaisseurs mondes en détours d'océans
Dans les bouches épaisses du jour,
J'aspirais par les yeux des bulles poisons psychiatrie
De ciels troubles en jours denses
J'entendais de violentes voix sylvestres schizophrénie
- la folie n'est pas réversible
Les jours pluies cessaient
A peu près aussi vite que le jour meurt
Sous l'ombre abyssale d'un possible destin
Je me cachais alors,
Dans les plis d'une perpétuelle fuite à moi même.
lundi 14 novembre 2011
dimanche 13 novembre 2011
samedi 12 novembre 2011
Dedans
Oeuvre : Manuel Ocampo, An Altar To Aesthetic Misfortune, 2010
E.M. Cioran, Syllogismes de l'amertume
vendredi 11 novembre 2011
Strates 714
Toile : Hans Meyer Petersen
E.M. Cioran, De l'inconvénient d'être né.
jeudi 10 novembre 2011
Nuit indigne
Toile : Vadon, Rayon de soleil, 2002
" Mais le signe extérieur ici est parfaitement égal, ici où l'hermétisme, c'est-à-dire une intériorité, dont le secret s'est brouillé, est avant tout la chose à sauvegarder. Les formes les plus inférieures du désespoir, sans intériorité réelle ni rien en tout cas à en dire, on devrait les peindre en se bornant à décrire ou indiquer d'un mot les signes extérieurs des individus. Mais plus le désespoir se spiritualise, plus l'intériorité s'isole comme un monde inclus dans l'hermétisme, plus deviennent indifférents ces dehors sous lesquels le désespoir se cache."
Søren Kierkegaard, Traité du désespoir, 1849
mercredi 9 novembre 2011
Genèse du ruisseau
Oeuvre : Bernard Réquichot, Pekat'lokaille, 1960
" Il lui semblait en effet que ce qu’avait de royal la prodigalité de l’existence, et d’indicible la noblesse de l’âme, se trouvait contenu dans de telles rencontres; une chose splendide, c’était que cette mort solitaire qu’est la vie ne pût nous empêcher d’admirer une beauté qui nous reste étrangère, que nous ne comprenons pas, qui ne peut nous découvrir son mystère et ne peut rien nous donner, et cela, du seul fait qu’elle était belle; oui, il était splendide que nous fussions artistes quoique nous fussions hommes, mais artistes aussi en ceci, que nous ne nous plaignions même pas lorsque cette beauté nous échappait, mais savions la saluer et exulter à sa vue, parce que la contemplation du spectacle tragique de la vie nous importait davantage que notre propre destin "
Leopold Andrian, Le Jardin de la connaissance, 1895
mardi 8 novembre 2011
lundi 7 novembre 2011
Œuvre : Georges Grosz, The end of the road, 1913
IL y a un terrible gris de poussière dans le temps
Un vent du sud avec de fortes ailes
Les échos sourds de l'eau dans le soir chavirant
Et dans la nuit mouillée qui jaillit du tournant
des voix rugueuses qui se plaignent
Un goût de cendre sur la langue
Un bruit d'orgue dans les sentiers
Le navire du coeur qui tangue
Tous les désastres du métier
Quand les feux du désert s'éteignent un à un
Quand les yeux sont mouillés comme
des brins d'herbe
Quand la rosée descend les pieds nus sur les feuilles Le matin à peine levé
Il y a quelqu'un qui cherche
Une adresse perdue dans le chemin caché
Les astres dérouillés et les fleurs dégringolent
A travers les branches cassées
Et le ruisseau obscur essuie ses lèvres molles à peine décollées
Quand le pas du marcheur sur le cadran qui compte
règle le mouvement et pousse l'horizon
Tous les cris sont passés tous les temps se rencontrent
Et moi je marche au ciel les yeux dans les rayons
Il y a du bruit pour rien et des noms dans ma tête
Des visages vivants
Tout ce qui s'est passé au monde
Et cette fête
Où j'ai perdu mon temps
Pierre Reverdy, Chemin Tournant
dimanche 6 novembre 2011
samedi 5 novembre 2011
vendredi 4 novembre 2011
jeudi 3 novembre 2011
Ruine cruelle
Photographie : Guy Tillim, Mozambique, 2008
Le soir venu, je réactivais une note de Cioran datant de 1957 qui écrivait : " Le fond du désespoir est le doute sur soi" et j'avais bien, de nouveau les attaques du déchirement interne comme une physiologie du chaos psychique.
Comme lui, en date du 24 février 1958, j'avais épuisé ma capacité de me consoler des obsessions noires et je voguais entre projets chimériques et une puissante théologie du néant.
Je subissais le travail négateur du temps dans un sentiment d'étrangeté que même le puissant olanzapine n'arrivait plus à juguler.
Au cœur de mes idéaux médiocres je sauvais les apparences, le cheveux devenu blond et la cigarette droite.
J'aurais voulu appartenir à un groupe séduisant et révélant mais je perdais en moi corrélativement tous les cadavres d'une idéalisation quelconque.
J'absorbais alors par le fond, la massivité de la désintégration et demeurait définitivement prostré dans une liberté vide qu'elle même je m'injectais à haute dose.
Le 9 avril 1962, Cioran écrivait que " la folie n'est peut être qu'un chagrin qui n'évolue plus" et j'en restais là de cette incomplétude.
L'irréelle Alexandra me sortait alors de ses contours culturels, un vieux NRF et j'y lisais :
"Tout était là – bien qu’il n’y eût plus de comptable pour dresser l’inventaire de ses éléments – mais le royaume originel et réellement non reproductible avait disparu à jamais, il avait été broyé par la force infinie d’un chaos qui recelait les cristaux de l’ordre, brisé par la circulation irréductible et indifférente qui gouvernait l’univers."
László Krasznahorkai, La mélancolie de la résistance. psychiatrie schizophrénie
Ma crucifixion spirituelle était bien celle du réel, déchirant et sourd.
mercredi 2 novembre 2011
Agenda Pluie
Oeuvre : Armen Gasparian, la Bataille
"Mais le signe extérieur ici est parfaitement égal, ici où l'hermétisme, c'est-à-dire une intériorité, dont le secret s'est brouillé, est avant tout la chose à sauvegarder. Les formes les plus inférieures du désespoir, sans intériorité réelle ni rien en tout cas à en dire, on devrait les peindre en se bornant à décrire ou indiquer d'un mot les signes extérieurs des individus. Mais plus le désespoir se spiritualise, plus l'intériorité s'isole comme un monde inclus dans l'hermétisme, plus deviennent indifférents ces dehors sous lesquels le désespoir se cache."
Soren Kierkegaard, Traité du désespoir