vendredi 18 septembre 2009

Ce qui n'est pas


C'était le jour où j'avais repoussé une nouvelle fois un séjour en psychiatrie et j'avais donc écouté (en fait assez impuissant à moi même), ce que Dr Roland m'avait dit à propos de la possibilité de surseoir cette entrée. J'avais d'emblée aimé ce terme qui ne revêtait pas à mes yeux le même caractère définitif qu'une annulation aurait pu avoir et il me semble qu'il l'avait choisi dans cette optique là. La porte sécurisante du soin psy. demeurait ouverte et l'idée même de la possibilité m'empêchait pour le moment d'y succomber.
L'oscillation quasi permanente entre états négatifs et ceux plus rare d'une pacification avec moi même avaient laissés la place à une alchimique attitude de quasi-détachement à ma sombre mélancolie. J'inversais les éclipses de mes ténèbres en tentant d'identifier rapidement toute forme de rampement vers le vide qui ne manquait pas de surgir aux détours de je ne sais quelle difformité psychique que mon esprit engendrait avec une régularité chagrine.
C'était l'époque aussi où je fumais beaucoup et où j'avais l'étrange sentiment de n'exister que dans les volutes de mes Lucky Strike Rouge. Cette marque ce cigarettes était sans doute associé à feu Pascal un jour où au fond de notre mémoire nous avions bu un thé-clope dominical au supermarché local après avoir longuement disserté sur à la fois les femmes et de la pertinence des prophéties de Daniel.
Il pleuvait depuis près de 24 heures maintenant et j'avais vainement tenté de prendre en photo de beaux éclairs blancs dont l'énergie me fascinait comme autant de symboles vitalistes.
J'avais les poumons vraiment douloureux et j'évacuais des cris entendus dans la nuit qui sans doute n'avaient jamais existé que dans mon esprit.
J'allais prendre le virage de la consolation en m'éprouvant à vivre et ça c'était, en finalité, une bien imprévue fortune.


Photo : la lune, Plan de la Tour, Septembre 2009