vendredi 31 juillet 2009

Tout se perd


Dans la paume où l'eau coule, les signes attendaient
Dans l'odeur du soleil et l'usure des lieux, l'offre s'oubliait
Dans ces multiples souvenirs d'un ciel bleu semi-liquide
Il n'y avait alors, peut être,
que le seul travail de ce jour qui donnerait à la tendresse,
l'épaisseur d'un lointain.

Photo : Cap Taillat (Juillet 2009)

mercredi 29 juillet 2009

Esthétique des instants


Dans un silence que rien n'altérait et sous un ciel immense, j'irriguais mes havres lumineuses du seul envol de mes ferveurs et j'oscillais sans résonance entre ma droite désireuse et l'aplomb du néant.D'une fine brèche j'épanchais l'éventail des possibles avec des moissons encore ardentes et j'établissais avec fragilité d'invisibles recoins où mon esprit s'ignorait à l'ombre des abstractions. J'attendais alors le soir comme un défi et coté mer, je devenais cette soupe originelle où s'écartelait mes improbables desseins.
Je traçais alors le lieu compris entre mes paumes nues et la beauté de mes alliances et comme le perpétuel ressac devant moi, je fluidifiais mes crépitements. N'aspirant qu'à l'élixir de l'instant et en dedans d'un rouge couchant, Je diluais les ombres pour étancher mes ébranlements et j'inscrivais sur la pâleur du jour des fleurs comme autant de promesses. Aux vertiges de noires encres j'opposais les étoffes mouvantes d'une réalité en arpège et le vent semblait me traverser comme dans un souffle léger.
J'étirais alors aux confins de l'horizon offert à moi, le simple pétillement de ce réel là et dans un ultime rayon de soleil je soulevais la dalle d'une limpidité inconnue.

Photo : Anatomies, Léonard de Vinci

lundi 27 juillet 2009

Passer à la conclusion


J'avortais parfois le Désir et me libérais alors dans un détachement alternatif dont je sarclais tel un damné toutes les encoches de ma mémoire de nulle part.
Le cri devenait qu'organique et de ses ébullitions vraies et puissantes je ne me contentais que du souffle inanimé du passage d'un sonorité inanimée à celle, alchimique d'un corps azimuté.
Ce n'était pas pour cette vie et j'étais condamné à la nature polymorphe de mes hantises et j'intégrais cette nouvelle comme un homme merveilleusement chaotique que j'étais. Jamais, jamais je ne connaîtrais la normalité d'une temporalité au delà de quelques minutes et je devais composer avec l'injustice de cette nature là.
Quasi ivre et défoncé je saisissais par les couilles l'absolue impuissance de la parole et mon chaos fondait en moi en invoquant chez moi un arbre noir sur lequel, un oiseau à un oeil déjà fermé ne cherchait plus rien.

Photo : Marc Chagall, Moise et les tables de la loi

dimanche 26 juillet 2009

Dimanche bleu ciel








Il m'aurait fallu reconstruire la lumière, traquer le soleil entre les lignes, briser les liens qui m'unissaient à la nuit. Alors, peut être, elle m'aurait chuchoté, cette vie qu'immobile et sombre j'étais condamné à ne répéter que sa baroque étrangeté. Peut être alors, j'aurais pu atteindre le lointain des agressions et comme un matin calme et apaisé pouvoir être heureux sans me le dire, sans le savoir et d'un seul bruissement.


Photo : Jacquemart de Hesdin

samedi 25 juillet 2009

Facteur chatte


Sans rancune avec notre fondement, j'étais réduit à des foutrages diverses uniquement soumis au désir fermement cramponné au corps lui même. Je tirais de ces spasmes périodiques la satisfaction d'un camé et j'aimais les lumières distillées de cette drogue là. Son corps était superbement désirable et je me surprenais parfois à me perdre dans sa simple contemplation. De sa chair émanait une lumière chaude et je me troublais à sa redécouverte sans cesse renouvelée. Je me xanaxais avec régularité et ça devait être quelque chose comme ça de vivre, laisser démolir la remarquable extériorité du mental en s'abandonnant aux échanges corporellement fluides.
Je voyais toujours avec une régularité métallique mon psychiatre et régulièrement il redevenait cet étrange étranger à qui je confiais mes lucides aveuglements. Je me fixais toujours dans un premier temps sur une statuette probablement d'Amérique du sud dont l'expression m'attirait dans un mélange d 'étrangeté et d'effrois et qui trônait sous une lumière rayonnante dans un meuble aux veines apparentes. Parfois ce que je supposais être son épouse appelait sur sa ligne privée et je l'entendais alors dire ces propos saugrenus dont le sens m'échappait mais dont je distinguais nettement les "ma chérie" qui avec régularité revenaient dans leurs échanges. Je trouvais ça presque totalement ridicule et je m'enfuyais alors dans une dépersonnalisation dont je ne sortais que pour retrouver son invariable sourire indifférent.
Lorsque le portail électrique émettait alors ce petit déclic si remarquable du signe de ma sortie, j'abaissais sur mes yeux mes épaisses lunettes noires et entre lavande et buis, je me réduisais alors à n'imaginer de mes futures salves spermiques que l'unique délectation furieusement animale.

Photo : Paul Rebeyrolle

vendredi 24 juillet 2009

Réel schizophrénique


L'idée d'une omnipotence inanitaire paradoxalement me rassurait et j'évitais le vide en évitant le réel. J'étais par moments envahi d'un sentiment vertigineusement insignifiant et je me défendais sans réussite aucune à la tentatrice plénitude de la vacuité. J'étais alors dénué de sens et en prise à cette incapacité ,j'essayais quand même de donner une substance aux objets de ma réalité. Aux prises avec d'internes combats, je devenais comme parfois un tronc d'arbre rongé par dedans, terriblement debout mais vidé. Ma propre structuration d'inanisation attaquait le réel au coeur et je n'arrivais cependant pas à me dissoudre dans un déni d'existence réduit à celui si unique de la signifiance. Je réservais, dans l'épuisement, une importance vitale au désir de réel mais en le véhiculant sans ordre, j'en épuisais l'essence même.
Mes agressions inanitaires détruisaient toutes formes de sens à mon désir et dans une protestation narcissique qui m'échappait totalement j'observais alors la prolifération anarchique de milliers d'autres sens dont le tout réinjectait ma désintégration psychique.
J'aurais voulu tuer ces réels mais leurs souffles puissants et fulgurants m'emportait comme une vague unique et immense. Je survivais malgré tout en ne pensant ne plus penser du tout sans même croire que je puisse moi même ne rien penser. J'avais alors le sentiment curieux de mon propre effacement associé à une chute libre et un blanc total même si invariablement la pensée renaissait telle un phénix de ses cendres. Je pensais me souvenir même de mes 7 ou 8 ans où lors d'une sieste angoissée, j'avais vécu l'agonie mentale dont sans doute je n'étais jamais vraiment et complètement revenu. J'avais alors en bouche les odeurs d'un mysticisme protecteur et j'en parcourais les détours labyrinthiques dans une métaphysique instable.
Mon moi se dessinait en finalité comme une énorme machine à faire le vide et je dépensais d'énormes quantités d'énergies à tenter de le clarifier en vain.
Je m'alliais alors dans une impuissance totalisante à un instinct de mort autodestructeur dont l'indestructabilité ne faisait aucun doute pour moi.
Je perdais la réalité comme l'on peut perdre un objet et me fixais alors dans une ombre suicidaire rassurante.
Corrélativement à cette négation le Je devenais un Autre et ce
Je-Autre là me plongeait dans une régression douloureuse. J'arrivais parallèlement à faire remonter du pulsionnel en moi dont j'ignorais la source et cette résurgence du désir n'amplifiait que ma désorganisation et mon auto-absorption.

jeudi 23 juillet 2009

Nuit inconnue







J'ignore combien de temps cela dura mais je m'étais bien immergé dans ce qui devait être un rêve. Comme une nouvelle naissance, j'avais dans mon esprit son regard plein de tendresse et ses longs cheveux amoureux. J'avais depuis un moment oublié ce que pouvait être une vibration totale et je voltigeais encore, des heures après, dans l'expression folle de cet amoncellement de chaleur et d'humidité. Je lisais dans ses traits l'horizon d'une autre vie et une brise jouait doucement avec la masse noire de ses cheveux bruns. En croisant ses yeux brillants et amoureux je voyais une étrange preuve d'un sens renouvelé de l'existence et j'étais alors, cet animal humain à qui toutes les promesses nocturnes deviennent les rayons d'un soleil levant.
Quand j'ouvris les yeux, j'étais sans défense et l'esprit fugitivement fertilisé je revoyais progressivement revenir les sorties de secours d'une fin des temps qui reprenait l'aspersion malveillante de mon esprit tout entier.
J'étais alors redevenu cet être saturé de filets et mon désert reprenait son lance-flammes.

mercredi 22 juillet 2009

Cercles confus


J'allais mieux depuis 6 ou 7 heures et je m'immergeais dans cet état comme une gravure calme. J'allais et venais dans ce qui devait être la vie avec un naturel dont je devais malgré tout composer les strates sans rien laisser apparaitre. Je reprenais donc massivement de l'Alprazolam couleur rose comme d'authentiques symboles d'apaisement. J'arrivais même à faire tourner mon esprit comme une âme soeur et mon corps reprenait sa conception vigoureusement organisée. Longeant la mer devenue noire quelque part entre la nuit et la lune, je mesurais sans peur le potentiel de cette éphémère conversion.
J'avais dans l'espace de quelques heures alternativement retrouvée la veine de la vie et enterré mes inquiétudes. Quand, au coeur d'une sombre nuit provençale, mon taux chimique Xanaxé commençait à diminuer, je reconnaissais comme la péninsule insulaire de la dépression et retrouvais l'orgie répressive de la mélancolie. J'avais pris une centaine de photos numériques d'un ciel tragiquement bleu et tel un adepte d'un exil céleste je les regardais, l'esprit en proie à un imaginaire étrangement sans nuages. Coexistant à la race humaine, je refoulais sans méthode l'ésotérisme de la dissociation et j'attendais la bouche pleine d'une amertume rosée de repousser encore et encore les vertiges du réel.

lundi 20 juillet 2009

Grande profondeur


Orphelins frénétiques de l'espérance, nous fumions Pascal et moi des Silt cut inter comme des anges déchus et l'accentuation de notre malédiction devenait notre drame interne. Nous avions dormis dans une grange du coté d'Arcs 2000 en fantasmant la veille sur les jambes sexy de Valentine et avions flirté avec les 5 étages du balcon sous une nuit enneigée. Nous repoussions la mort comme une amie trop désirable et alternions vins amoureux et mauvais shit. Lorsque portés jusqu'à l'incandescence de nous mêmes, nous nous prenions en pleine superstition à creuser notre étrangeté, nous écoutions Sartre comme des rongeurs d'intellects et sous la poigne terrible d'un dieu terrible nous devenions l'incarnation de noires luttes.Aucune femme ne nous reconnaissait et nous transpirions les fantômes de la désespérance. De rires fous en grouillements mentaux nous avancions à vue sous d'opaques lunettes. Ecouter Led Zepellin devenait la transgression absolue et nous déclinions notre jeunesse aux angoisses d'une réalité dégoûtante.Un soir parmi les plus accentuées, il m'avait dit au revoir et j'avais repris une clope, inerte que j'étais au drame qui se nouait dans notre enfer amoureux.USS 127, la désaffection a pris corps et il n'existait plus, le nez ensanglanté à jamais. De notre pacte occulte ne restait plus alors que la souffrance du déclin lui, prodigieusement vivant.
Ce soir j'écoute de la musique cubaine et la mort rôde de nouveau comme une fée maléfique.

Photo : en route vers la death valley

dimanche 19 juillet 2009

Reconnaissance


Je me demandais ce que pouvait être l'âme, si elle était aveuglante et nue ou bien qu'un frontispice au creux du visage. Je l'imaginais traduction stérile d'un non mystère et gagée à un mécanisme malheureusement uniquement mécaniste. Je refusais symboliquement de la faire mourir dans mon propre désarroi où elle semblait inhérente à la pâle et seule condition de ma propre animalité. J'avais de son unité supposée qu'une vision douloureusement anthropocentriste où fruit unique de l'imaginaire elle rongeait son propre non fondement. Nous étions alors dans une punition généralisée où notre peur de soi véhiculait son fantasmagorique versant. J'aurais alors voulu être le démon qui secoue l'esprit par toutes les couches de l'être sans en négliger aucune. Nous baissions les armes et nous n'en avions pas, tour à tour coupés de nous et inéluctablement incarnés nous cheminions entre nos fluides comme des exhalaisons.
Nos corps pourrissaient en nous dans des agitations venimeuses et pourtant nous étions des purs effets d'optique. Nos cheveux semblaient être de mystérieux traités, nos peaux de belles tempêtes et pourtant nous portions en nous les forces le la mort. Nous devenions frénétiques.
Didier, mon frère me manquait douloureusement et je n'arrivais pas à retrouver sa merveilleuse présence aux milieux de démons dramatiquement humains. Là, ça y était j'avais reconnu son âme et un jour la mort viendrait le trouver et l'arracher à moi.
J'importais alors complètement impuissant tout ce qui me restait, de souvenirs en pleurant sur ce qui fût mon seul ami.
L'ultime cruauté de la mort c'était cela, la séparation des âmes reconnues.

Photo : Francis Bacon, Man with dog

mardi 14 juillet 2009

Sabbat laïque


Lecture entre deux eaux des visions de Raoul Glaber je me présentais depuis quelques heures comme déformé et en pleine figuration dans un monde profondément baroque.
J'avais atteint le stade d'un réalisme agressif où s'insérait des nimbes vigoureusement inquiètes. Des génies inquiétants composait mon univers mental et comme aux prises aux grylles maléfiques de la mélancolie, je saturais mes représentations à coup d'internes processions. L'inhumanité fondamentale du vitalisme dans lequel j'étais tombé me faisait l'effet permanent de routes déviées où il devenait dangereux de m'attarder. J'étais alors client mystique de Bosch tout en étant absolument imperméable à toute célébration artistique. Je devenais le coeur d'une doctrine qui m'échappait et l'existence se bâtissait dans une orientation à la fois lente et douloureuse. Je retrouvais alors bien malgré moi le mythe dépressif obsessionnel à base d'engloutissement, de peurs et de vides qui si longtemps m'avait hanté. Dehors et en dehors de moi, le soleil maléfique m'exécutait dans la plus complète indifférence et je fantasmais le moment crucial du point de rupture.

dimanche 12 juillet 2009

Esprit de sable


Fallait lutter contre la grande dépression, celle qui ronge de l'intérieur, celle qui me faisait voir ce samedi soir comme un multiple du sombre. Comme à la fois abstrait à moi même et profondément présent, j'errais en moi comme un nuage défait et cherchait en vain une voie d'échappement. Tout alors me semblait comme étant sombre et hostile en même temps qu'une immense distanciation aux choses. J'en étais réduit alors à tenter de rattraper une suite d'instants dont mon esprit houleux essayait d'en faire une histoire. Parfois comme des éclairs, je revenais à l'apaisement pour presque immédiatement retomber plus bas en moi. Tout m'apparaissait triste et absurde et j'interprétais le réel comme autant de signes douloureusement mélancoliques. Des gens, je ne voyais plus que la chair triste et l'inanité ambiante me broyait comme un serpent de mer.
Eprouvant mon corps à la teneur de cette nuit, j'observais comme extérieur à moi même, l'aiguille rouge du compteur de la moto comme un obscur indicateur de vie. J'avais croisé dans le désordre un lézard vert, un crapaud jaune et un écureuil marron et la fumée poussiéreuse sous mes pneus me donnait la trace de ma présence. Quand au creux du silence la nuit retombait, je m'allumais une énième clope pour consumer ce qu'il me restait.
Je criais terriblement et personne ne m'entendait derrière mes lunettes sombres. C'est sur, ça n'allait pas du tout mais je portais toujours mon pull bleu comme si j'y croyais encore.

jeudi 9 juillet 2009

Désespérance veineuse


Généralement l'été était exactement comme ce que j'attendais de lui, vide et chaud. J'alternais un ennui profond avec une puissante solitude que j'associais forcément à la torpeur estivale. Je bifurquais dans des considérations inertes où je m'enlisais méchamment. J'étais alors l'incarnation sans âme d'un épuisement sans vie et je me considérais comme une perpétuelle répétition.
J'exterminais sans joie toute velléité à l'action et je m'enfonçais dans le sérieux de l'attendu. Mes deux ventilateurs émettaient un lourd bourdonnement et j'essayais d'établir malgré tout des interconnexions avec moi même. Je devenais l'être réduit dans sa fonction et j'imaginais sélectionner mes cellules cérébrales.
En même temps que l'augmentation progressive de la température s'effaçait mes relations aux autres même si parfois une étreinte charnelle se produisait dans un brutal retour au réel. Je considérais d'ailleurs, les relations humaines comme étant de plus en plus impossibles et fondamentalement réduites. Bien au coeur de moi même, j'intégrais malgré tout la dimension affective de l'autre mais dans une déception comme génétiquement programmée.
Comme perforé par la vacuité je générais une méthode du vide et j'échangeais lentement avec elle, ma propre conceptualisation d'une métaphysique dérangée.
J'éprouvais dans une violente douleur la contingence pure et je signalais à mon édification destructrice le symptôme de ma propre destruction psychique.

Photo : Lucas Cranach

lundi 6 juillet 2009

Sans bande-son


Cancérisé par le vide, je me refusais à prendre cette douce chienne au regard tendre qui pourtant me regardait apaisée. J'avais dans mes bras, cette autre vie chaude au mufle humide et j'en venais aux larmes , de celles qui soufflent en dedans.
Je me retrouvais inerte à moi même dans la plus grande stupeur interne je touchais du doigt la douleur.
Torturé par ces moments, je me revoyais hurler longtemps de tristesse en pensant à Youk agonisant.
Desséché par la mélancolie, je vouais au renoncement un culte aussi absurde qu'inévitable.

samedi 4 juillet 2009

Contrôle du sombre


Sous un soleil plombant, je sombrais presque dans une forêt moyen-âgeuse où dans le désordre le plus totalisant, l'inconscient demeurerait à jamais inconnu, l'eau se colorait de noyades, les cigales hurlaient dans l'herbe et ma déconstruction mentale se poursuivait.
J'émergeais de toute ma structuration mystificatrice un réel rapport d'étrangeté où en particulier, l'être sexué XX m'apparaissait être le summum du désir faux semblant.
Convoqué par une presque haine et un désir morbide de possession physique, j'essayais de rompre mon propre fil d'ariane en me laissant aller dans la plus profonde déréalisation. J'entrais inconscient dans le moule du fantasme où je ne voyais plus de l'autre que des lèvres, des cheveux, une peau, une nuque, un regard, des mots, un cul.

jeudi 2 juillet 2009

Généreuse tension


La nuit allait tomber et je ne comprenais toujours rien au travail de Dan Flavin et ce malgré les regards conceptualisés de Martine C. Je légitimais alors ma présence dans une boite poétique où j'illuminais un silence maniaque, j'avais gravé une bibliothèque vide en encre noire et la clé christophienne allait et venait entre Coca light et café serré. Repenser alors aux soirées brisées de groupes rock inconnus avec les silhouettes charnelles de filles désirables avec des regards vides.
Caméra, whiskas et travelling sur zone industrielle, nous baladions notre âme avec un gros fuck en travers. Chantal voulait du cul uniquement et Elia aimait les filles, nous étions des pures produits du désir et devenions des résidus d'humains.
On tirait toujours sur des milliers de clopes et le temps triomphait toujours de nos refus. Se réfugier alors dans la mémoire minimaliste d'une performance ratée où toi et moi étions noyés de bandes magnétiques. Pour nous achever artistiquement, comme dans un rituel sérialisé, nous regardions pour la énième fois Les anges du pêché de Bresson avec le son coupé et Bowie en fond sonore.

Photo : Dan Flavin, The Nominal Three

mercredi 1 juillet 2009

Double dissolution


Je m'attirais du jour au lendemain vers de nouvelles danses et je portais loin en moi, mes énigmes. Tour à tour monstrueux et protecteur je me portraiturais allègrement dans la devise revisitée d'un "deviens et meurs" Dans de violentes colorations voluptueuses, j'alternais l'apparence d'un sphinx avec celle d'un chien esclave de la morsure, je prenais l'absolue réalité comme une critique pure et dans un vertigineux éloignement à moi même je respirais comme dans une ligne bleue la fable d'un dieu inconnu. Je tenais le verbe pour le suprême mensonge et en protagoniste de ma tragique solitude, je touchais avec mes doigts la lisière de mon être.
Ma seule élévation était alors une joute avec moi même ou mes propres monastères triomphaient de ma dangereuse dissociation.
J'invoquais la déesse noire en même temps qu'un quelconque démon et désirais le désir comme le saint graal.
Je survolais, le buste entièrement noyé, le tumultueux océan de la chose en soi et j'habitais l'île de mon indétermination. M'imaginant mobile et dégrisé de mon orage, je m'épouvantais à l'observation des autres.

Photo : Paul Reyberolle, Chien