dimanche 19 juillet 2009

Reconnaissance


Je me demandais ce que pouvait être l'âme, si elle était aveuglante et nue ou bien qu'un frontispice au creux du visage. Je l'imaginais traduction stérile d'un non mystère et gagée à un mécanisme malheureusement uniquement mécaniste. Je refusais symboliquement de la faire mourir dans mon propre désarroi où elle semblait inhérente à la pâle et seule condition de ma propre animalité. J'avais de son unité supposée qu'une vision douloureusement anthropocentriste où fruit unique de l'imaginaire elle rongeait son propre non fondement. Nous étions alors dans une punition généralisée où notre peur de soi véhiculait son fantasmagorique versant. J'aurais alors voulu être le démon qui secoue l'esprit par toutes les couches de l'être sans en négliger aucune. Nous baissions les armes et nous n'en avions pas, tour à tour coupés de nous et inéluctablement incarnés nous cheminions entre nos fluides comme des exhalaisons.
Nos corps pourrissaient en nous dans des agitations venimeuses et pourtant nous étions des purs effets d'optique. Nos cheveux semblaient être de mystérieux traités, nos peaux de belles tempêtes et pourtant nous portions en nous les forces le la mort. Nous devenions frénétiques.
Didier, mon frère me manquait douloureusement et je n'arrivais pas à retrouver sa merveilleuse présence aux milieux de démons dramatiquement humains. Là, ça y était j'avais reconnu son âme et un jour la mort viendrait le trouver et l'arracher à moi.
J'importais alors complètement impuissant tout ce qui me restait, de souvenirs en pleurant sur ce qui fût mon seul ami.
L'ultime cruauté de la mort c'était cela, la séparation des âmes reconnues.

Photo : Francis Bacon, Man with dog