vendredi 24 juillet 2009

Réel schizophrénique


L'idée d'une omnipotence inanitaire paradoxalement me rassurait et j'évitais le vide en évitant le réel. J'étais par moments envahi d'un sentiment vertigineusement insignifiant et je me défendais sans réussite aucune à la tentatrice plénitude de la vacuité. J'étais alors dénué de sens et en prise à cette incapacité ,j'essayais quand même de donner une substance aux objets de ma réalité. Aux prises avec d'internes combats, je devenais comme parfois un tronc d'arbre rongé par dedans, terriblement debout mais vidé. Ma propre structuration d'inanisation attaquait le réel au coeur et je n'arrivais cependant pas à me dissoudre dans un déni d'existence réduit à celui si unique de la signifiance. Je réservais, dans l'épuisement, une importance vitale au désir de réel mais en le véhiculant sans ordre, j'en épuisais l'essence même.
Mes agressions inanitaires détruisaient toutes formes de sens à mon désir et dans une protestation narcissique qui m'échappait totalement j'observais alors la prolifération anarchique de milliers d'autres sens dont le tout réinjectait ma désintégration psychique.
J'aurais voulu tuer ces réels mais leurs souffles puissants et fulgurants m'emportait comme une vague unique et immense. Je survivais malgré tout en ne pensant ne plus penser du tout sans même croire que je puisse moi même ne rien penser. J'avais alors le sentiment curieux de mon propre effacement associé à une chute libre et un blanc total même si invariablement la pensée renaissait telle un phénix de ses cendres. Je pensais me souvenir même de mes 7 ou 8 ans où lors d'une sieste angoissée, j'avais vécu l'agonie mentale dont sans doute je n'étais jamais vraiment et complètement revenu. J'avais alors en bouche les odeurs d'un mysticisme protecteur et j'en parcourais les détours labyrinthiques dans une métaphysique instable.
Mon moi se dessinait en finalité comme une énorme machine à faire le vide et je dépensais d'énormes quantités d'énergies à tenter de le clarifier en vain.
Je m'alliais alors dans une impuissance totalisante à un instinct de mort autodestructeur dont l'indestructabilité ne faisait aucun doute pour moi.
Je perdais la réalité comme l'on peut perdre un objet et me fixais alors dans une ombre suicidaire rassurante.
Corrélativement à cette négation le Je devenais un Autre et ce
Je-Autre là me plongeait dans une régression douloureuse. J'arrivais parallèlement à faire remonter du pulsionnel en moi dont j'ignorais la source et cette résurgence du désir n'amplifiait que ma désorganisation et mon auto-absorption.