mardi 14 juillet 2009

Sabbat laïque


Lecture entre deux eaux des visions de Raoul Glaber je me présentais depuis quelques heures comme déformé et en pleine figuration dans un monde profondément baroque.
J'avais atteint le stade d'un réalisme agressif où s'insérait des nimbes vigoureusement inquiètes. Des génies inquiétants composait mon univers mental et comme aux prises aux grylles maléfiques de la mélancolie, je saturais mes représentations à coup d'internes processions. L'inhumanité fondamentale du vitalisme dans lequel j'étais tombé me faisait l'effet permanent de routes déviées où il devenait dangereux de m'attarder. J'étais alors client mystique de Bosch tout en étant absolument imperméable à toute célébration artistique. Je devenais le coeur d'une doctrine qui m'échappait et l'existence se bâtissait dans une orientation à la fois lente et douloureuse. Je retrouvais alors bien malgré moi le mythe dépressif obsessionnel à base d'engloutissement, de peurs et de vides qui si longtemps m'avait hanté. Dehors et en dehors de moi, le soleil maléfique m'exécutait dans la plus complète indifférence et je fantasmais le moment crucial du point de rupture.