dimanche 12 juillet 2009

Esprit de sable


Fallait lutter contre la grande dépression, celle qui ronge de l'intérieur, celle qui me faisait voir ce samedi soir comme un multiple du sombre. Comme à la fois abstrait à moi même et profondément présent, j'errais en moi comme un nuage défait et cherchait en vain une voie d'échappement. Tout alors me semblait comme étant sombre et hostile en même temps qu'une immense distanciation aux choses. J'en étais réduit alors à tenter de rattraper une suite d'instants dont mon esprit houleux essayait d'en faire une histoire. Parfois comme des éclairs, je revenais à l'apaisement pour presque immédiatement retomber plus bas en moi. Tout m'apparaissait triste et absurde et j'interprétais le réel comme autant de signes douloureusement mélancoliques. Des gens, je ne voyais plus que la chair triste et l'inanité ambiante me broyait comme un serpent de mer.
Eprouvant mon corps à la teneur de cette nuit, j'observais comme extérieur à moi même, l'aiguille rouge du compteur de la moto comme un obscur indicateur de vie. J'avais croisé dans le désordre un lézard vert, un crapaud jaune et un écureuil marron et la fumée poussiéreuse sous mes pneus me donnait la trace de ma présence. Quand au creux du silence la nuit retombait, je m'allumais une énième clope pour consumer ce qu'il me restait.
Je criais terriblement et personne ne m'entendait derrière mes lunettes sombres. C'est sur, ça n'allait pas du tout mais je portais toujours mon pull bleu comme si j'y croyais encore.