mercredi 1 juillet 2009

Double dissolution


Je m'attirais du jour au lendemain vers de nouvelles danses et je portais loin en moi, mes énigmes. Tour à tour monstrueux et protecteur je me portraiturais allègrement dans la devise revisitée d'un "deviens et meurs" Dans de violentes colorations voluptueuses, j'alternais l'apparence d'un sphinx avec celle d'un chien esclave de la morsure, je prenais l'absolue réalité comme une critique pure et dans un vertigineux éloignement à moi même je respirais comme dans une ligne bleue la fable d'un dieu inconnu. Je tenais le verbe pour le suprême mensonge et en protagoniste de ma tragique solitude, je touchais avec mes doigts la lisière de mon être.
Ma seule élévation était alors une joute avec moi même ou mes propres monastères triomphaient de ma dangereuse dissociation.
J'invoquais la déesse noire en même temps qu'un quelconque démon et désirais le désir comme le saint graal.
Je survolais, le buste entièrement noyé, le tumultueux océan de la chose en soi et j'habitais l'île de mon indétermination. M'imaginant mobile et dégrisé de mon orage, je m'épouvantais à l'observation des autres.

Photo : Paul Reyberolle, Chien