jeudi 22 avril 2010

Perspectives fin d'Avril













Toile : Jean Pierre Velly, Nature Morte, 1993




J'étais embourbé depuis quelques mois dans une interne captivité qui m'entraînait dans le jeu aride d'une survie relative et de cette plongée oublieuse ne me revenait que des sensations de vide strict.
Je fantasmais une vision totalitaire d'un monde clos et sur ma table de chevet inexistante d'ailleurs, je n'avais que des bouquins complexes qui, de fait, complexifiaient encore d'avantage ma déjà irréelle vision de la réalité.
C'était l'époque où mon autre fantasme d'une vérité psychanalytique s'effondrait, elle aussi, dans une symétrie presque parfaite avec ma dissociation.
J'effleurais la vie avec autant de finesse que de sauvagerie et dans une cérémonie existentielle qui m'échappait, je cherchais assez vainement l'idée même d'une unité, d'un lien quelconque.
Accessoirement et en parallèle, je perdais pied dans mon auto-érotisme où dans la plus totale désorganisation, je fantasmais sur les cuisses d'une inconnue croisée ou les corps offerts d'innombrables femmes dont l'emprise sur mon biologique désir était à la hauteur de mon sentiment d'étrangeté à moi même.
Je me prenais à imaginer alors des coucheries intellectuelles avec comme seule gamme, des pubis devenus métaphysiquement des baleines jonassiennes.
J'ouvrais alors ma Crampon au Cantique des Cantiques et me disait en vrac que l'extase à l'autre n'existe pas et que la proximité corporelle était après tout une jolie mélodie aux curieuses harmoniques de manques aussi infinis que vertigineux.