lundi 16 août 2010

Les entre soi
















Peinture : André Masson, Le Couple (Enlèvement, 1945




Il n'y avait pas de véritables rencontres, de celles qui allient l'intériorité pure de l'extérieur pur, il n'y avait pas de conjonctions entre êtres, pas de symétries non plus.
J'en étais là de ce constat solitaire quand je fût pris dans le vertige de la contingence totale où le hasard prenait les aspects d'une nouvelle rationalité et où le vertige de l'altérité altérait l'essence même de ma personnalité.
Je rêvais alors d'un monde symétriquement opposé à mes sensations et j'imaginais la fin de mon errance permanente.
Depuis toujours, je m'étais noyé dans les ombres d'un monde abstrait et de mes identités potentielles, je m'abandonnais à l'insécurité d'un Moi pluriel.
En prise avec mes propres oppositions, je divaguais sous un soleil finissant d'août sans apprendre où accepter ni comment me libérer.
J'avais repris massivement de mes petits cachets roses dans lesquels je me réfugiais bien plus complètement que dans toutes autres formes de possibilités.
Ma régression prenait la forme d'une dissociation spectaculaire et si je me retenais de crier, c'était parce que j'étais aux prises à une rigidité psychique qui sans doute me suspendait encore à cette existence.
Demain, j'allais éprouver la vraie solitude de mon entre soi et même si l'idée était souffrante, un soulagement s'introduisait en moi, comme une régression nécessaire à ma marqueterie intérieure.