jeudi 2 décembre 2010

Double impasse


















Oeuvre : Pat Steir, Summer Moon, 2005





C'était l'époque où j'éprouvais de nouveau le divorce avec mon quotidien. Je perdais encore et encore ce qui semblait avoir été mes fugitifs référents d'un temps et me retrouvais dans l'impossible gymnastique d'une fêlure avec moi même.
Je portais en moi un porte-à-faux croissant et aux multiples de ma pensée je m'incarnais dans deux réalités distinctes l'une de l'autre et ça en devenait vertigineux.
Je sentais alors en moi, le dépérissement s'enkyster et s'atrophier mes déjà faibles énergies.
L'enclos me constituait comme autant de respirations hermétiques et devenais ce fleuve au bras mort que l'eau déserte peu à peu.
J'allais avoir 45 ans et jamais je ne pourrais me résigner à une existence prosaïque, répétitive que surplombe immanquablement l'absurde.
Je cherchais en vain une épaisseur vitale en dehors d'un jeu abstrait d'idées et d'une auto-logorrhée psychique.
Docteur Roland m'avait dit récemment que j'avais une tendance à la rumination et c'en était une, assurément.
Tout en ressentant l'appel d'une transcendance je n'arrivais qu'à me mutiler gravement dans une noire sclérose spirituelle.
Je m'enfonçais alors dans une étroitesse organique et me fossilisait aux passages d'un temps collectif.
Malgré tout, je rêvais de précieuses énergies, de vitamines d'espérances et de tendres complexités.
Dans les plis de cette impossible mutation, je vieillissais et m'épuisais aussi régulièrement que les années se succédaient.