jeudi 30 décembre 2010

Reflet lui-même




















Oeuvre : Takashi Murakami, Dokuro blue, 2000




Pendant qu'au milieu de l'un de mes multiples tropismes, je tentais d'imaginer un Cosmique monocorde façon Robert Fludd je gardais à l'oeil ma pensée toujours si prompte à rentrer dans le voisinage étroit du vide.
J'avais ce jour là, tout en écoutant Arvo Pärt, déambulé dans les rues d'Aix en Provence en me remémorant, étrangement sans trop de douleurs, mes passages à la fac.
J'effleurais alors ce fameux soir d'hiver 2007 où non loin de là, mon esprit sombrait dans le bruit sphérologiquement anxieux d'un système de chauffage aux cheminées rouillées et aux ailes sombres.
Les grilles de la faculté de Lettres étaient fermées et ceci m'avait sans doute épargné d'une trop grande réminiscence à mes impuissants renoncements.
Tandis que je cherchais assez vaguement des ouvrages d'Abellio chez des bouquinistes silencieux, j'avais offert une clope à un clochard sympa en lui souhaitant "bonne route" comme si c'était la seule chose que je pouvais lui dire.
J'avais fini par trouver chez un libraire aveugle, un ouvrage de Raymond A. et en ouvrant une des pages, j'étais tombé hasardeusement ou pas sur l'intitulé : Silence et Immobilité comme expression de la transcendance, j'aurais pu alors sans forcer y voir une relation de causalité avec une pointe de destinée mais je m'y étais refusé assez facilement.
Comme souvent, dans ma désorganisation à l'autre, plusieurs regards croisés et, à la tombée de la nuit, entrevoir entre deux luminaires, les larmes couler sous les lunettes de soleil d'une femme élégante m'avait inexorablement emmené vers le soleil noir de la mélancolie.
Je rentrais alors, la nuit venue, fantasmant l'idée toute sloterdijkienne d'une réalité sphérique où j'englobais sauvagement mon délire bouddhiste toujours larvé au fond de moi.