dimanche 26 décembre 2010

Als das Kind Kind war















Photo : Berlin, 2004




Dans la tentation perplexe d'un "oublier soi-même" je m'étais soustrait à l'inévitable réalité en regardant pour la énième fois le très étrange et très beau film de Wim Wenders intitulé "Les Ailes du Désir".
J'avais réussi pendant toutes ces années à ne pas le regarder linéairement et d'une façon continu tant il vrombissait d'échos en moi. Tour à tour, je l'avais possédé en cassette VHS, en DVD puis attrapé sur un fil du web et là, ce dimanche je l'avais lancé aussi pour conjurer l'écho mélancolique qui invariablement m'avait envahi toutes ces années à la puissance de ce film, jusqu'au désir de mourir.
La musique me vrillait déjà l'âme que les premiers mots de Peter Handke, résonnaient déjà dans mon esprit comme d'une lente incantation.
Me revenait alors dans le plus profond désordre, l'aspect spirituel d'une oeuvre avec des anges, les douleurs humaines, la solitude ontologique, l'amour comme un mirage, le noir-blanc qui devenait couleurs, Berlin - près 1989, la vanité des destinées humaines, l'incarnation corporelle, et la vie malgré tout qui sauf à se l'enlever avançait envers et contre tout.
Quand après de multiples assoupissements qui sonnaient comme des fuites à l'impact psychique du film sur moi, j'arrivais à ré-ouvrir ma conscience, je tombais sur l'ange matérialisé qui furieusement balayait le sol de son pied, comme découvrant (déjà) toute la difficulté de l'incarnation humaine.
J'abandonnais là mon esprit et ma conscience alors scindée ne me permettais plus de fixer l'essentiel de mon réel.
Sans arriver à ressouder les deux parties je me livrais au calme dangereux du vide de l'âme.