mardi 19 juillet 2011

Vision 2547





















Photographie : Ryuta Amae, Fiction,1998




J'avais encore, à cette époque, le fantasme totalisant d'un déterminisme pure où j'associais les flux aux conséquences et la causalité physique au réel.
Je délirais avec calme sur les microcosmes d'une vision quantique et j'espérais assez vainement participer à la complémentarité de ce que je pouvais voir.
La réalité pourtant n'était qu'une suite d'instants sans logique et cette probabilité au coeur même du réel m'emmenait au loin dans les dissymétries d'un désordre que j'associais au mien propre.
Parallèlement à cette décohérence, je songeais à l'inanité de ma conception du monde et commençais à considérer formellement le vide comme une forme du temps.
Pour ne pas sombrer dans la nuit solitaire, j'essayais alors de m'abimer dans l'épaisseur dense des idéalistes allemands après avoir été vainement séduit par des incarnations vaguement hédonistes. (Instant 457812)

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" (...) Ce qui fonde toute conscience d'une réalité existant hors de nous n'est donc pas l'influence de prétendues choses hors de nous, qui ne sont en réalité pour nous et pour lesquelles nous ne sommes que dans la mesure où nous savons déjà quelque chose d'elles ; ce n'est pas plus une activité imageante vide de notre imagination et de notre pensée, dont les produits apparaîtraient pour ce qu'ils sont effectivement, à savoir des images vides. Non, c'est la croyance nécessaire en notre liberté, en notre force, en notre agir effectif et en des lois déterminés de l'agir humain, qui fonde la conscience d'une telle réalité existant hors de nous, une conscience qui n'est elle même qu'une croyance, mais une croyance qui s'ensuit nécessairement de celle sur laquelle elle se fonde. (...) "

Johann Gottlieb Fichte, La destination de l'homme (Die Destimmung des Menschen) , 1800



Nous devions être alors les fruits d'un destin sans destinée, l'objet engendré d'un sens sans visage.