samedi 26 novembre 2011

Blanc matin


























Oeuvre : Carl Fredik Hill, 1902



C'était de ces jours blancs où tout me paraissait si lointain, si vain. J'errais en moi d'ignorances en dé-générations et à mon incroyance à moi même se mouvait un réel sans substance aussi brisé qu’irréel.
En dehors de moi, la vie grouillait comme un milliard de vers aux couleurs froides d'un hiver prochain et tel un ecclésiastique du vide je tripatouillais tant bien que mal une existence toute entière voilée au réel.

Mes innombrables tropismes, tous voués à une entropie fondamentale s'échouaient les uns après les autres sur les bords d'un gouffre au goût vinaigre.
J'avais vu à l'instant, des immortels balayer les feuilles mortes, le regard fatigué et une vague eschatologie auto-centrée m'envahissait aussi surement que l'existence avançait.

J'ouvrais alors un obscur texte de Krasznahorkai et j'y lisais :

"Tout était là – bien qu’il n’y eût plus de comptable pour dresser l’inventaire de ses éléments – mais le royaume originel et réellement non reproductible avait disparu à jamais, il avait été broyé par la force infinie d’un chaos qui recelait les cristaux de l’ordre, brisé par la circulation irréductible et indifférente qui gouvernait l’univers."

László Krasznahorkai, La mélancolie de la résistance