vendredi 6 juin 2008

Convergence d'effondrement



Au loin il devait y avoir l'amour, celui qui endure tout, celui qui supporte tout, celui qui est fort comme la mort. Mais pourquoi la mort était elle aussi intense que la mort ? J'en étais là à tenter vainement de mesurer le possible degré de pénétration entre ces deux sphères, l'une et l'autre irrémédiable. L'amour ou ce qu'il s'en reflétait était peut être lui même aussi irrémédiable que la mort, comme si dès lors nous étions condamnés à aimer ou croire l'éprouver, comme condamnés à s'agenouiller devant le corps et ses désirs, devant ce sensible tellement en creux. Dans les sales plis de l'âme, laisser fondre la bougie au feu électrique et se dissoudre à la matière et peut être alors fermer ses yeux. De freinages en impasses reprendre ce qu'il y avait en apparence d'ouvert et tenter avec désespérance une délimitation psychique. Affleurement de la dispersion de soi, tout semblait alors bien ou mal converger vers un effondrement ultime, vers une perte des apparences, une dispersion totale, une prose elle aussi asphyxiée. Les semblants de structures mentales comme des croyances inertes, je n'évitais pas le plein désarroi d'une terrifiante solitude.
L'ombre comme des épouvantes, la sauvagerie brutale du pire, l'emprise éprouvante du néant, les cris dans les mots, j'allais hurler au sacré une immortalité aussi irréelle que désertée.Surpris à moi même d'une nostalgie lointaine, j'allais de mon temple au mystère dans des allers retours silencieux et remplis d'oublis.Formulation de la vie, objectivation du sens, je déviais tout droit dans l'errance de l'erreur en m'imposant mes propres résurgences de cynismes enfouis.Je n'avais alors aucune fascination pour cette probable splendeur virginale d'une quelconque direction et, comme dans un vaste cortège sans but, je devais bien malgré moi, me forcer à la conquête de ma propre conscience.Rigoureux dans mon irrationalité, je pénétrais l'absurde aussi naïvement qu'une réalité dévoilée. Substance de la chute, spirituel encombrant je me laissais fugitivement envahir d'irréelles transcendances quelque part perdu entre l'angoisse, l'attente et l'inquiétude.