mercredi 30 juillet 2008

Densité critique I


Discontinu à un certain réel, je m'imposait quelque chose qui devait ressembler à un sens, mais celui dont on ne distingue ni les frontières ni les séparations, logique d'un flou fluide je me pensais exactement dans un abstrait sans réalité. J'imaginais bien, dès lors, féconder ce qui me semblait être une forme de vitalité tissée quelque part. J'en arrivais à croire solidifier des flux qui auparavant m'échappait dans une totalité violente et hermétiquement circulaire. J'alternais dans une inquiétude probablement purement formelle, d'une sphérique substance à celle plus épuisée d'eaux en fuite. Essayant avec énergie d'écarter le plus totalement toute forme d'analyse, le concret m'apparaissait sous une lumière neuve et je m'y abandonnais presque sans excès.De mon propre chaos primitif j'évitais comme une peste dépressive toute forme de verbalisation et de ratiocination même en creux. A la manière de Monsieur Gilles, j'entrevoyais les arrières mondes et les structures rhysomiques d'une réalité autre avec cent doutes des contours infiniment plus souples...J'essayais difficilement de déployer des fluxs longtemps ignorés dans une cacophonie mélancolique. J'explorais mes neuves intentions d'un regard créatif sans trop de heurts ni trop de projections ni surtout d'analyses. Je me prenais alors peut être naïvement à rêver d'amplifier avec douceur les circuits perméables de ma propre indétermination. Mon cerveau semblait se délester de toutes signatures externes et je fantasmais l'idée de radicaliser l'inépuisable. Aux rythmes douloureusement binaire, j'alternais un jeu plus ouvert de méditations contemplatives et doucement poétiques.J'évitais soigneusement toutes dérives aliénantes sans toujours parvenir à éviter les toujours présents et tapis délitements destructeurs.Complémentarités et totalités pouvaient coexister sans de graves déséquilibres et j'instrumentalisais l'intime communion entre moi et moi. Le champs illimité de mes sentiments vibrait en moi comme une onde illimitée et je fuyais peut être seulement momentanément, le temps, l'espace, la barbe, le noir, la mort.

Toile : Paul Rebeyrolle