lundi 24 août 2009

Possibilité de l'enfouissement


Je perdais dans un silence plein de cris, jusqu'à la genèse des mots.
Débordant le désir par un décalage vers le néant, j'écartais dans l'impuissance d'être, d'innombrables liens vers la vie.
Processus sans conscience d'une irréalité à l'envers, je sublimais le temps comme on se donne à une éclipse, royalement effacé à la vie.
Réactivant les chants douloureux d'une Sarah Mac Lachlan, 20 ans après, je maudissais doucement d'amoureuses présences du passé mais cette fois sans larmes. Peut être alors en prise avec une dialectique tendue qui m'échappait, je me disais que toutes ces si anciennes émotions étaient vaines même si encore leurs évocations me donnait l'expression même d'un symptôme mélancolique réhydraté. Réimplantant cette si fantasmé Nadège en moi, Je devais bien avoir été la victime du noeud gordien de l'amour. En plein retournement, j'érotisais de nouveau son image comme autant de nulles parts.
Je m'étais trompé dans mes dépendances et de mes attentes désormais délogées j'accédais enfin au détachement en ouvrant en grand les portes de fantasmes sexuelles dont ma mélancolie m'avait à l'époque exclu.
Je me prenais alors à rêver de ce qui aurait été autre et dans cette reconstruction propre, j'imaginais ses mains parcourant mon corps en désirs forts.
Enigme au temps, j'embarquais dans une élaboration toute éruptive mes fulgurances aux cris désirants de ses cuisses offertes et de son sexe dont je jouissais violemment dans un pur et très instinctif trajet neuro-hormonal.
Je retranchais alors, à mes anciennes mortifications les gestes obscènes de son vagin dans la plus authentique animalité et maîtrisant désormais dans mon étau phallique son corps à corps, je devançais la haine d'une fin éjaculatoire qui immanquablement radicaliserait ma fuite en avant.
Dans une dernière déréellisation je sombrais en retour, dans le gouffre d'un réductionnisme authentique où ma fibre se mutait en d'uniques et très solitaires processus bio-chimiques.
Rendu à ma dérisoire incarnation, j'évitais d'un regard lointain les longues chaînes d'un présent très absent.


Peinture : Joseph Mallord William Turner, Pêcheurs en mer