jeudi 10 mars 2011

Les abandons



















Photographie: Michal Rovner, Pull, 2000





"Les mots, ces gouttes de silence à travers le silence."

Paul Frederic Bowles, Un thé au Sahara (1949)

C'était les longues heures de l'incertitude vitale, les heures envisageables d'un décrochement du réel. J'avais des problématiques attachées au vide et ma réalité devenait métaphysiquement asséchée.
J'avais depuis quelques jours l'idée faible d'une rupture avec Mie et tout mon être s'asphyxiait de cette auto-entropie prévue.
Je superposais mes états comme autant d'incises mortelles et me faisais l'effet de présentifier ce qui devenait mon passé.
J'étais passé sans transitions du chenal romantique de la quiétude relative aux effroyables doutes des ombres.
Je traversais alors le silence comme une pénitence et dans ma propre intrication j'entrevoyais les fentes de ma dissolution.
Personne n'avait l'air de se soucier de cette décohérence interne et devais me cacher dans les variables de mon identité.
J'aurais voulu hurler, pleurer et m'éteindre mais mon taux de Fluoxétine trop haut m'interdisait toutes formes de manifestations externes.
J'avais écrit une ultime lettre pour récupérer une situation qui dans ses fondements m'échappait déjà et au coeur de cette douloureuse introspection je fumais clopes sur clopes en pensant à elle
Je revoyais alors, le soleil des semaines dernières où dans une douloureuse prémonition j'avais prévu l'orage et je tombais alors d'une perception à une autre.
Les moments putains comme des serpents venimeux, j'aurais voulu alors décapiter ce qui devait être mon Dao.