lundi 28 avril 2008

Erratique mémoire


Je devais être bien bas aux alentours d'obscures méditations très personnelles quand je me prenais à dans le plus complet désordre : penser au chat de, à la maxime latine de l'homme est un loup pour l'homme, à une tentative de démarcation d'une réflexion éthique de la morale, d'une désespérance comme une attraction métaphysique, de la signification des mythes dans la philosophie platonicienne, de la vertu dans l'histoire de Gygès, du projet de paix perpétuelle d'Emmanuel Kant, avec ces deux mots : paix et perpétuelle, objets même d'une personnelle fascination sinon d'une non moins propre mystification colorée d'un historicisme partenaire - particulier.Je me prenais alors à discuter des probables points véliques de l'existence avec mon psychiatre Mr Roland et sa superbe chemise rose et son arrogante reproduction d'un tableau de Gustave Klimt au dessus de statuettes haïtiennes éclairées par un led à diffusion lente.Dans la sale errance de mes espaces intérieurs, j'allais et venais dans une rue humide en regardant en point haut, une fenêtre allumée depuis très longtemps, celle de feu Pascal, perdu au fond d'une nuit en 1992 ou quelque chose comme ça...Porte électrique fermée, club Gay bruyant, bottes à lacets noirs et, dans la pièce du fond, ' machine' qui fellationnait violemment en fermant les yeux, le Alex et son regard crasseux.Chambre glauque et Macintoshs volés et empilés.Ecouter en pensant à la journée "grand ski" aux Grands M. du dimanche d'après.Une très mélancolique mélodie africaine genre bluesant à souhait comme une permanence spirituelle...et en fumant des Silt Cut à boitier violet entendre un morceau de viande rouge frire sur une cuisinière à gaz avec un mauvais vin déjà tiède.Un été regarder des filles, torses nus à une fenêtre dans une rue sans soleil, un samedi soir à Strasbourg et rêver de départ marocain.Tenter d'apprendre l'espagnol avec Manuela aussi déprimée que la longueur de ses cheveux et supporter son imbécile de gamin insupportable.Boire des bières sous la phallique cathédrale en regardant le regard vide, des gens en short...retrouver les ivresses de ces restaurants où les soirées étaient pleine de promesses...Croire que les dauphins représentent le stade ultime de l'hominisation et en tomber gravement amoureux, dans un parc d'attraction dans le midi en Juillet...Déambuler entre ennui et enthousiasme dans les rues vides d'un village savoyard au début d'un mois de Novembre...Regarder un lac couleur bleu acier, l'esprit vide.Mater sans délicatesse aucune, le cul de cette très sexy Stéphanie en faisant semblant de rien et même jusqu'à aller lui parler de journalisme engagé au Liban.Beaucoup plus tard dans la vie s'apercevoir que le réel n'est pas fécond et en faire la conjonction avec la théorie quantique.Faire semblant d'être bien derrière de grosses lunettes de soleil un après midi à la terrasse d'un café.Sniffer une ligne amère d'héroïne en attendant un saumon frais aux tagliatelles. Rouler à fond en BMW un soir de pluie en rentrant d'une soirée médiocre. Boire d'éternels cafés dans des bistrots improbables avec des filles largement baisables et se dire que dans tous les cas, et sans en connaître la flèche, le temps est définitivement perdu...(stérile spéculation, Écouter le défunt groupe Alphaville chanter "Forever young" et ne surtout plus croire en l'éternité).
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Photo : Norma Cordova
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