mercredi 9 décembre 2009

Texte passéiste














Peinture : Max Ernst, La Tentation de St Antoine, 1945




Dématérialisé au plus fort de mon étonnement, la pluie s'écoulait comme au creux d'une logique triste. J'avançais alors au coeur droit dedans complètement en suspend.
De ma représentation mentale, j'extirpais faiblement mes indéçidables et revenais malgré tout à la ligne après avoir frôlé des marges fatales.
Atomiquement vivant, je regardais les trajectoires s'effacer en douceur devant moi. Les étoiles comme des phénomènes heurtés, je me complaisais dans une dense et incroyable incomplétude.
Silence de plomb et prose maladive, j'essayais de dominer ma dépossession même.
L'existence en frustration standardisée, j'ôtais un à un mes organes à coup de scie à chaîne. Je prenais de l'huile-sang plein la gueule et mes carapaces disjonctaient sereinement dans un flou sanguin.
Brutalisé brutalement, je passais à coté de moi même en plein terrain vague.
Mes émotions comme des morbides pulsions, j'agonisais au sens strict.
De béances en béances, j'imaginais alors me greffer d'impatientes limites pour me consoler de mon propre oubli. Je n'arrivais pas même à pleurer, amèrement calfeutré dans mes blessures.
Sans jeu de cache-cache, le tourbillon dansait avec la réalité et mon oxygène se pointait comme déjà une masse asphyxiée.
L'évidence d'un ultime vertige mortel comme un unique point d'ancrage.