samedi 5 décembre 2009

Noir à la rose
















Peinture : Willem De Kooning, Femme, I, 1950




J'avais la force aveuglante d'une humeur chagrine et je devenais doucement le veuf d'étoiles mortes. J'irriguait mon triste univers de multiples signes aux ténèbres et obsédé par une gravure d'Albrecht Dürer, j'étais l'ange de la mélancolie. Je me faisais l'effet de marcher sur une crête entre apparition et disparition, entre sens et non sens, le tout en permanence sous un vent froid.
J'aurais tellement aimé pouvoir croire en une métamorphose alchimique qui me ferait passer des ténèbres à un céleste lumineux et vital.
J'étais toujours devant le mystère de l'identification féminine et je l'imaginais aussi dense qu'un réseau grimpant de lianes et interpénétré d'une multitude de branches. Je pensais ce soir que notre impossibilité ontologique à l'autre féminin était un deuil endémique qui un jour me pousserait à me suicider dans un paradoxal mouvement de réunification aux êtres perdus.
Je prenais la mort, alors comme l'ondulation fantasmée d'un paradis perdu où je trouverais la grande et puissante consolation.