
Œuvre : Bruno Bernier, L'homme-foule, 2010
" Souffrir de la réalité signifie être soi-même une réalité manquée"
Nietzsche
Anti-journal d'une fuite schizophrénique, chroniques de sensations dissociées et autres nodositées existentielles.. Ma pensée est un pur plaisir, elle ne féconde pas.
"Que pourrais-je aujourd’hui regretter ? Ce n’est pas un moindre sort que d’être appelé à explorer les extrêmes, surtout si l’on doit y trouver le désert"
Raymond Abellio, Ma dernière mémoire, 1971
Pendant que j'abandonnais les lys sur des nénuphars violets, j'avalais des Grenades marécageuses et d'immenses flambeaux de miel.
J'acceptais mes fardeaux aussi certainement que mon propre abandon et fuyais malgré tout le tabernacle du plein vide.
Hiram, restait dans un silence dense et mon vide était aussi spatial que néantisé.
J'absorbais la mort par petits bouts d'Alprazolam en vieux clopes, le regard porté sur les intervalles.
IL y a un terrible gris de poussière dans le temps
Un vent du sud avec de fortes ailes
Les échos sourds de l'eau dans le soir chavirant
Et dans la nuit mouillée qui jaillit du tournant
des voix rugueuses qui se plaignent
Un goût de cendre sur la langue
Un bruit d'orgue dans les sentiers
Le navire du coeur qui tangue
Tous les désastres du métier
Quand les feux du désert s'éteignent un à un
Quand les yeux sont mouillés comme
des brins d'herbe
Quand la rosée descend les pieds nus sur les feuilles Le matin à peine levé
Il y a quelqu'un qui cherche
Une adresse perdue dans le chemin caché
Les astres dérouillés et les fleurs dégringolent
A travers les branches cassées
Et le ruisseau obscur essuie ses lèvres molles à peine décollées
Quand le pas du marcheur sur le cadran qui compte
règle le mouvement et pousse l'horizon
Tous les cris sont passés tous les temps se rencontrent
Et moi je marche au ciel les yeux dans les rayons
Il y a du bruit pour rien et des noms dans ma tête
Des visages vivants
Tout ce qui s'est passé au monde
Et cette fête
Où j'ai perdu mon temps
Pierre Reverdy, Chemin Tournant